Rock & Folk

The Pretty Things

“SF SORROW”

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COLUMBIA EMI 19 68

Est-il réellement important que l’album qui nous occupe soit qualifié un peu partout d’opéra

rock ? A moins d’être Julien Clerc, la réponse est non. Ce qui compte dans ce quatrième Pretty Things tient plutôt dans son abondance de bonnes idées, de trouvaille­s. “SF Sorrow” est longtemps resté un truc d’initiés, moins révéré que les iconiques “Sgt Pepper’s...”, “The Piper At The Gates...” ou “Ogden’s

machinchos­e”. Fin 1967, alors qu’il commence à enregistre­r aux studios EMI (Abbey Road, NW8), le sauvage quintette londonien a quatre ans d’existence et déjà connu pas mal de désillusio­ns. En avril de la même année, le groupe est arrivé au bout de son contrat chez Fontana avec “Emotions”, splendide chose enluminée de cuivres (sans le consenteme­nt du groupe) qui fit un flop exceptionn­el. Nouveau départ chez EMI donc, avec un album construit autour d’une histoire inventée par le guitariste Phil May. Il est question d’un personnage nommé Sebastian F Sorrow, de sa quête initiatiqu­e, de la guerre, d’un certain Baron Samedi. Une fantaisie anglaise typique de l’époque qui ne serait pas très intéressan­te sans son écrin musical, produit par Norman Smith, l’homme du premier Floyd. Tout le monde tente alors le grand saut psychédéli­que, les Pretty Things auront la même impulsion. Ne serait-ce que sur le titre, “Bracelets Of Fingers” on recense des choeurs béats, des bandes à l’envers, un rythme de valse... Les Pretties pourtant ne perdent jamais le fil. Derrière les ornements de Mellotron ou de flûtiau, on trouve des chansons d’une irréprocha­ble solidité. Les numéros énergiques géniaux sont légion (“Balloon’s Burning”, “Baron Saturday”) mais la mélancolie et la subtilité ont aussi leur place ne serait-ce que sur le poignant final “Loneliest Person”. Les éditions récentes incluent les singles satellites de l’album (“Defecting Grey”, “Talkin’ About The Good Times”, “Walking Through My Dreams”) qui sont indispensa­bles. La malchance a une fois de plus taquiné le groupe. Il perd en plein enregistre­ment son batteur Skip Alan, qui se barre courir la gueuse en France. Il sera remplacé par Twink de Tomorrow. Surtout, “SF Sorrow” ne bénéficie d’aucune promotion en Angleterre et sort même avec des siècles de retard aux USA (août 1969 !). Entre-temps, les Who, ont décroché la timbale avec un album-concept proche en bien des points : “Tommy”. BASILE FARKAS

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