The Flying Burrito Brothers
“THE GILDED PALACE OF SIN”
A&M
19 69
Gram Parsons ne pouvait pas rester chez les Byrds. Les séances de “Sweetheart Of The Rodeo” avaient vite montré que Roger McGuinn ne pourrait pas tolérer bien longtemps la présence d’un artiste aussi novateur et fondamental que le Grievous angel en son groupe. Gram Parsons avait une histoire,
son histoire (rapide, fulgurante) à écrire et c’est pour cette raison qu’il était parti fonder les Flying Burrito Brothers en compagnie de Chris Hillman (également en partance des Byrds), Chris Ethridge et Sneeky Pete. Ensemble, ils allaient enregistrer ce “Gilded Palace Of Sin” qui, peut-être plus encore que “Sweetheart Of The Rodeo”, allait servir à renouveler en profondeur l’horizon country-rock des générations à venir (Wilco, Jayhawks, REM, Scud Mountain Boys, etc). En effet, ce premier album des Flying Burrito Brothers ouvre sur la plus parfaite incarnation de ce que Gram Parsons désignera lui-même comme la cosmic american music. Ici, il n’est plus question de rock, de country, de soul ou de psychédélisme, car tout participe du même élan visant à exalter le meilleur de la musique américaine. Les Flying Burrito Brothers jouent donc “Do Right Woman” et “Dark End Of The Street” de Dan Penn d’une façon aérienne et véritablement bouleversante, parachevant ainsi la fusion country/soul amorcée quelques mois plus tôt avec les Byrds. Avec le déchirant “Hot Burrito #1” (devenu “I’m Your Toy” chez Costello), Parsons livre l’une des performances les plus poignantes jamais entendues et s’affirme, plus que jamais, comme l’un des rares chanteurs blancs à pouvoir atteindre de tels sommets. Sur “Wheels” et “Hot Burrito #2”, la guitare fuzz de Chris Hillman ouvre d’énormes brèches en direction de San Francisco, tandis que “Hippie Boy”, le splendide final
parlé sur fond d’orgue et de piano, scelle magistralement cette réunion de deux mondes ( hippy et country) a priori inconciliables. Tant pour les harmonies vocales (l’irrésistible “My Uncle”) que pour les compositions (“Sin City”, “Hot Burrito #1”), Parsons avait sans doute trouvé en Ethridge et Hillman des partenaires de premier ordre, mais il commencera ensuite à traîner avec les Stones (qui lui en doivent de bien bonnes) et, mis à part un grandiose “Wild Horses”, il laissera “Burrito Deluxe” lui filer entre les doigts. Le chapitre était bouclé, la fin s’écrirait en solo. CEDRIC RASSAT