Rock & Folk

Chicago Transit Authority

“CHICAGO TRANSIT AUTHORITY”

-

COLUMBIA

19 69

Qui s’en souvient ? La grande affaire de la fin des sixties fut le retour des cuivres. Deux groupes puissants incarnent l’irruption des big bands dans le jeune rock. Blood Sweat And Tears (produit par Al Kooper) et Chicago Transit Authority. Anciens Missing Links, devenus The Big Thing, les futurs Chicago rencontren­t leur producteur James William Guercio en 1968. Leur grande affaire : un mélange de cuivres et de swing au service d’un rock démolisseu­r, tournant à fond les ballons. Les séances sont fertiles et Guercio, qui a fait signer le groupe chez CBS, repart à l’assaut du directoire pour obtenir (fait sans précédent) que le premier album d’un groupe totalement inconnu soit double ! Sceptique, Columbia finit par accepter, à condition que le groupe revoie ses royalties à la baisse et que le disque soit vendu à un prix très bas. Chicago Transit Authority est une pépinière de talents. Trois chanteurs (Robert Lamm, Peter Cetera et Terry Kath), un batteur de folie (Danny Seraphine qui transcende “I’m A Man” du Spencer Davis Group). Terry Kath est un guitariste exceptionn­el qui impression­ne Hendrix et ose “Free Form Guitar”, délire solo enregistré sans l’aide de la moindre pédale d’effet et qui débouche sur le riff anthologiq­ue de “South California Purples”. Cerise sur le gâteau, Chicago est un groupe engagé, en colère contre la guerre du Vietnam, très impliqué dans le grand bordel soixante-huitard. Des bruits de manifestat­ions sont mixés à des rock furibards et l’ensemble garde un côté colérique et radical totalement unique dans la discograph­ie du groupe. Car la suite pour Chicago sera un raccourcis­sement du nom (le métro de la ville de Chicago les menace de procès) et la création de tubes FM de plus en plus langoureux, à cent lieues de l’énergie fertile de ce double album novateur. Les huiles de la Tour Noire avaient eu tort de s’inquiéter. Dès sa sortie, porté par d’efficaces singles (“Questions 67 & 68”, “Beginnings” et “Does Anybody Know What Time It Is ?”), le disque est un succès certifié. Le double album monte jusqu’à la dix-septième place des ventes américaine­s. Devenu incontourn­able pour une génération hippie, “CTA” restera classé cent soixante et onze semaines. Terry Kath perd la vie le 23 janvier 1978 en jouant à la roulette russe. Une incarnatio­n de Chicago tourne toujours. PHILIPPE MANOEUVRE

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