Rock & Folk

TheJeff BeckGroup

“BECK-OLA”

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EPIC 19 69 Comment faire lorsque le Londres électrique, puis New York, puis San Francisco se sont pâmés devant vous, mais qu’il faut, en quelque sorte, tout reprendre de zéro ? Pour Jeff Beck, l’épisode Yardbirds, pourtant inoubliabl­e, doit être dépassé. Alors, oubliant la folie des tournées américaine­s pendant lesquelles les filles lui jetaient des fleurs et d’autres choses aussi, Beck est reparti sur les routes anglaises, dans le froid et la neige, avec un nouveau groupe. Nous sommes en 1969 et beaucoup, de Led Zeppelin à l’Airplane, de Neil Young à Zappa, réinventen­t le rock. Jeff va faire de même, à sa façon, discrète, jetée, électrique, rêveuse mais surtout, musicale... Le nouveau groupe s’appelle le Jeff Beck Group, et “Beck-Ola” est son second album. Si le premier opus “Truth” était excellent, “Beck-Ola” va pendant longtemps être considéré comme une pierre angulaire. Liberté est le mot : tout éclate ici. Le beau rock anglais qu’avaient inventé les Beatles et les Kinks est à présent percuté par la douce violence hendrixien­ne et par la froide folie des Who. Jeff, ainsi qu’il expliquait sur la pochette de “Truth”, cherchait “des

excuses pour être flash”. Et flash, il est. Soutenu par deux futures superstars, Rod Stewart et Ron Wood, lequel joue ici de la basse, le guitariste innove en se laissant aller. L’album gronde et “Beck-Ola” semble avoir puisé sa force à la source même de la vie. En même temps, le rock du groupe est anarchique, délicieuse­ment sale, et parfois confus — quoique technique. Rod Stewart a fort à faire pour s’imposer sur “All Shook Up”, le jeu extraordin­aire de son leader étant ce qu’il est, plus à l’aise sur “Jailhouse Rock”, moment de pure folie du groupe au sein duquel jouent également Nicky Hopkins (piano) et Tony Newman (batterie). Brutales mais célestes, “Spanish Boots” et “Rice Pudding” surprennen­t aujourd’hui encore. La seconde face de l’album est, dans son intégralit­é, d’une qualité supérieure. Beck s’y exprime sans retenue et sa sonorité est inoubliabl­e, notamment sur “Plynth”. Volcanique, anglais et, à sa manière, romantique, “Beck-Ola” allait inspirer beaucoup de groupes mais surtout imposer Jeff Beck pour toujours. BENOIT FELLER

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