Rock & Folk

Creedence Clearwater Revival

“GREEN RIVER”

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FANTASY

19 69

Alors que les groupes de San Francisco font la course pour savoir qui sera le plus psychédéli­que, il en est un qui fait de la résistance, Creedence Clearwater Revival. Son meneur, John Fogerty, ne refuse pas de jouer des blues de dix minutes, mais ce n’est pas ce qui l’excite. Sa came à lui, c’est Little Richard, les disques Sun, c’est Hank Williams et Stax... Non pas qu’il ait l’esprit rétro, ni qu’il soit tombé dans une nostalgie morbide. Ce n’est pas le genre à se lamenter comme quoi c’était mieux avant. Toutefois, il doit bien le reconnaîtr­e, c’est quand même moins bien depuis. Depuis la fin de la décennie bénie, 1954-1964... Pourtant, ô miracle ! lui parvient à prolonger l’âge d’or. Bon chanteur, bon guitariste, auteur compositeu­r exceptionn­el, producteur indiscutab­le, il est d’une fécondité surprenant­e. En 1969, Creedence enregistre carrément trois albums ! En janvier sort “Bayou Country” qui inclut le fameux “Proud Mary” plus tard repris par Elvis Presley, Tina Turner, etc. En novembre, c’est “Willy & The Poor Boys” porteur des classiques “Down On The Corner” et “Fortunate Son”. Entre les deux paraît ce non moins extraordin­aire “Green River” enregistré à San Francisco dans le tout récent studio de Wally Heider. Entouré de son frère Tom Fogerty (guitare), Stu Cook (basse) et Doug Clifford (batterie), John Fogerty signe le plus bel exemple d’un style qu’on appelle pas encore americana. Ses riffs, ses mélodies, son approche directe (sans les cache-misère dont abusent certains de ses pairs...), la raucité de son chant, la pertinence de ses textes, tous les éléments concourent à faire de “Green River” une perfection. On y déguste “Bad Moon Rising” aux paroles apocalypti­ques que chanteront aussi Jerry Lee Lewis ou Emmylou Harris ; ainsi que le pur et entêtant “Lodi” ensuite adopté par Freddie King, Dan Penn, etc. Les deux chansons illustrent bien l’art de John Fogerty qui manie comme personne la métaphore géographiq­ue ou météorolog­ique. Il est difficile, de nos jours, de circuler aux Etats-Unis sans que la radio bombarde un morceau de Creedence, par exemple “Green River” ou “Commotion”, et c’est chaque fois une joie immense, comme de retrouver un ami véritable. Parce qu’il a su d’instinct être classique sans être académique, John Fogerty laisse une oeuvre d’une beauté impression­nante. JEAN-WILLIAM THOURY

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