Rock & Folk

The Stooges

“THE STOOGES”

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ELEKTRA

19 69

It’s 1969 OK ! Les Stooges accueillir­ent l’époque le majeur tendu. Même millésime que Woodstock, cette année devait rester l’acte de naissance du plus grand groupe punk. Dès la pochette, la sobriété du noir et jaune, le cuir et l’acné... On sait qu’on a affaire à un album de petites frappes de banlieue. Deux ans avant la sortie de ce disque, James Osterberg/ Iggy Pop, fils de professeur­s, se pelant les miches dans une caravane à Ann Arbor, ville merdique du Michigan, abandonne la batterie au sein des Iguanas pour se lancer avec les deux frères pétards du coin, les Asheton, dans l’agression sonore. Formule chimique : Ron à la basse, Scott à la batterie, Iggy à la guitare hawaïenne, celle qui fait “un bruit d’avion”. Puis arrive Dave Alexander, un voisin, qui prend la basse et bousille la guitare de l’Ig’ en peignant, sous LSD, des fleurs sur les micros. Voici les Stooges, gang Pierrafeu, variation extrémiste des Troggs si l’on prend en compte les lacération­s, le vomi et les uniformes nazis. Les Stooges donc, que l’immense Danny Fields fait signer chez Elektra, le même week-end que MC5, leur livrant cinq mille dollars d’avance alors que le Five en touche vingt. En misant sur eux, Elektra pariait sur un groupe pour qui “changer d’accord, on n’en avait rien à foutre jusqu’à notre premier enregistre­ment”. Justement : avant cet enregistre­ment, le groupe n’avait que cinq chansons : “I Wanna Be Your Dog”, “No Fun“, “1969”, “Ann” et un embryon de “Little Doll”. Qu’à cela ne tienne, le groupe en compose trois de plus la nuit avant d’entrer en studio. Là, les musiciens rejoignent leur producteur, John Cale, qui ne quitte plus sa cape de Dracula et Nico, qui tricote des pulls. Cale et les Stooges commencent par se disputer sur l’esthétique à donner au disque : eux veulent un gros son quand Cale — comme on le devine à l’écoute de ses mix finalement écartés — avait l’idée d’un “West Side Story” où les claquement­s de mains remplacent les claquement­s de doigts, où la basse vrombit comme le métro (intro de “Little Doll“), où des guitares aigrelette­s sont soudaineme­nt dynamitées par l’acidité du mélange fuzz et wah-wah. Le compromis final colle merveilleu­sement avec les textes d’Iggy, écrits en observant les gosses dans la rue. Ce premier Stooges est la première brique lancée dans la vitrine. THOMAS E. FLORIN

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