Rock & Folk

Led Zeppelin

“II”

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ATLANTIC

19 69 Ce disque est né de la rencontre dans divers studios des Etats-Unis de Jimmy Page et de l’ingénieur de Jimi Hendrix, le fameux Eddie Kramer. Robert Plant tousse et c’est parti. Avant cet album, le heavy rock était une tendance. Après, ce sera un mode de vie, un manifeste, une énorme aventure. En cinq minutes et 33 secondes de “Whole Lotta Love”, délice audio, un Jimmy Page obsédé par “Electric Ladyland” va jouer comme un matou narquois avec une progressio­n d’accords en mi qui l’obsède depuis ses séances avec Mickie Most. Très vite, c’est l’apocalypse. Page obtient de sa guitare une ribambelle d’effets, hululement­s, glissades, bruits de sirène. Ceci pour Jimmy Page. Robert Plant n’avait pas grand-chose à dire sur “Whole Lotta Love”, il se rattrape sur “Ramble On”, “Thank You” et “What Is And Should Never Be”. Ici le bon Percy devient un immense écrivain. Obsédé par Tolkien, capable d’instaurer des climats poignants, moyenâgeux et totalement émouvants. Ceci pour Robert Plant. John Paul Jones est un monstre de studio. Il joue de l’orgue Hammond, de la basse et porte à lui seul un énorme effort final intitulé “Bring It On Home”. Ceci pour John Paul Jones. John Bonham est fou de joie. Son moment de bravoure scénique, invraisemb­lable déluge de batterie intitulé “Pat’s Delight” (du nom de son épouse) devient un morceau en soi : “Moby Dick”. Bonzo frappe les peaux, les masse, gifle les cymbales à mains nues. Page approuve la démarche de son batteur du haut d’un riff killer. Ceci pour John Bonham. Ce deuxième album, baptisé le Brown Bomber par les lycéens américains, est un disque qui voit également les quatre individus se rejoindre, soudés, unis, s’épaulant les uns les autres pour quelques titres sur lesquels soudain il devient important de donner son maximum personnel en sacrifice à la machine collective. Ce sont sur les titres “The Lemon Song” et “Heartbreak­er” que les officiers du bord réunissent leurs forces pour une opération de total blietzkrie­g rock’n’roll. Ceci pour le Zeppelin. Ce disque est un crève-coeur. Il fut enregistré la nuit, entre deux concerts, dans des studios aux noms étranges (Hollywood’s Mystic Studios), des endroits où Ritchie Valens et Bobby Fuller avaient autrefois couché sur bande des hits comme “La Bamba” ou “I Fought The Law”. Ainsi vit le fan de rock’n’roll, dans l’espoir de voir un jour arriver dans les bacs un nouveau Brown Bomber. PHILIPPE MANOEUVRE

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