Rock & Folk

Syd Barrett

“THE MADCAP LAUGHS”

-

HARVEST

19 70

On imagine une pub télé si ce disque sortait aujourd’hui. Des slogans racoleurs du genre : Découvrez le vrai son de la folie ! ou Ne goûtez pas à la drogue, écoutez-la ! Depuis sa sortie en 1970, “The Madcap Laughs” a la réputation d’être une transcript­ion de la maladie mentale en action. La légende n’est pas fausse. Ce n’est pas une raison pour le découvrir aujourd’hui par seul voyeurisme. “The Madcap...” est avant tout un grand disque pop... dont on ne sort pas indemne. Avril 1968, Syd Barrett a 22 ans. L’auteur de “See Emily Play” , celui dont les textes trempés dans le LSD incarnaien­t la quintessen­ce de l’Eté de l’Amour à l’anglaise, vient d’être écarté de Pink Floyd, le groupe qu’il avait fondé (et dont il avait trouvé le nom en 1964). Après des mois de rumeurs, David Gilmour a pris sa place. Mais personne n’en veut vraiment aux Floyd, l’esprit de leur guitariste excentriqu­e bat vraiment trop la campagne. L’acide lui a brûlé la cervelle. Syd Barrett ne va pas tarder à retourner chez sa mère où il vivra longtemps totalement reclus. Mais en attendant, entre deux cures, Syd tente une carrière solo. Le 13 mai 1968, il entre aux studios Abbey Road, comme on entre à l’hôpital psychiatri­que, et se lance dans l’enregistre­ment de “The Madcap Laughs” en compagnie de son manager qui a l’habitude de sa conduite erratique. Roger Waters et David Gilmour, qui continuent de veiller sur lui depuis qu’il a quitté Pink Floyd, se relaieront aussi à son chevet. L’album sera enregistré en deux périodes avec une interrupti­on d’un an entre chacune d’elles. Et il suffit d’écouter les prises différente­s offertes en bonus avec la réédition CD pour comprendre que cela n’a pas dû être facile. Si cet album est effectivem­ent effrayant c’est qu’il est clair que Syd Barrett ne fait pas semblant. Il faut l’entendre essayer désespérém­ent de chanter “If It’s In You” pour comprendre. Les morceaux où il est seul avec sa guitare sont les plus touchants (et les plus éprouvants). D’autant que ce sont potentiell­ement de grandes chansons. Les autres comme “No Good Trying” ou “No Man’s Land” sont de beaux moments d’acid pop déjantés. Mais de toute façon, ceux qui entendent ce disque ne retiennent que la voix de Syd Barrett. Un timbre tellement étrange qu’il vous hante longtemps après avoir changé d’album. ALEXIS BERNIER

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