Bill Haley And The Comets
“ROCK WITH BILL HALEY AND THE COMETS”
ESSEX
Tout est de sa faute ! Avant Bill Haley, on n’utilise pas l’expression rock’n’roll pour désigner une musique. Le phénomène débute quand la jeunesse du monde entier découvre “Rock Around The Clock” grâce au film “Blackboard Jungle” (“Graine De Violence”) de Richard Brooks en 1955. La chanson y est associée à la délinquance juvénile... Mélange de western swing, de boogie et de R&B avec des touches pop ou jazz — la recette du rock ! — le style Bill Haley est à cette époque déjà affirmé, comme en atteste cet album groupant des faces publiées par Essex en format deux titres dès 1952-1953. La volonté de mettre le rock en avant est patente à la lecture du titre général comme de ceux des morceaux, “Rock The Joint”, “Rockin’ Chair On The Moon”, “Real Rock Drive”... Utilisant le parler adolescent, Bill Haley signe “Crazy Man Crazy”, premier rock classé par le BillBoard. Auparavant Saddlemen, les musiciens se font désormais appeler les Comets. Ce sont tous des virtuoses magnifiques. Le guitariste Danny Cedrone crée dans “Rock The Joint” un solo parfait à tout point de vue, sonorité, construction, concision, justesse, dynamisme... Pas étonnant qu’il le réutilise pour “Rock Around The Clock” ! C’est le solo étalon, celui que tous les guitaristes qui se prétendent rock devraient savoir jouer par coeur... Hélas ! Ce génie de la six-cordes, également entendu dans les influents “Rocket 88” (1951) ou “Shake, Rattle And Roll” (1954), pionnier révéré des connaisseurs, meurt dix jours après l’enregistrement du solo qui va faire le tour de la planète et inspirer plusieurs générations... Les Comets incarnent le premier groupe de rock’n’roll, pavant la voie à Elvis, Scotty & Bill et tous ceux qui suivent, Blue Caps, Crickets, etc. Autant faite pour être dansée qu’écoutée, la musique de Bill Haley (1925-1981) conserve une vitalité stupéfiante. “Rock With Bill Haley And The Comets” est le premier album de l’histoire du rock, le big bang, ce qui suffirait à forcer le respect et l’admiration, mais c’est avant tout un disque que l’on ne peut pas ne pas aimer tant il est brillant.