Ricky Nelson
“RICKY”
IMPERIAL
Un garçon de 17 ans fait mentir l’adage qui voudrait que, pour faire du bon rock’n’roll, il faille être un rebelle né dans le Sud en milieu prolétaire. C’est Eric Hilliard Nelson dit Ricky Nelson (1940-1985). Célèbre cadet dans une sitcom familiale, il a grandi devant des millions d’Américains. Pour séduire une fille entichée d’Elvis Presley, il se met au chant et enregistre une chanson de Fats Domino, “I’m Walking”. On ne sait pas ce qu’en a pensé la muse mais, au printemps 1957, le succès est tel qu’il quitte Verve pour Imperial, même label que Fats Domino, rapidement encouragé à graver un album, “Ricky”. Authentique fan de rockabilly, du son Sun et en particulier de Carl Perkins, il emprunte à celui-ci deux titres, “Boppin’ The Blues” et “Your True Love”. Miracle, Ricky Nelson sonne vrai. Ses intonations, son phrasé, sa manière de placer les accents, tout frappe juste, merveilleusement en place. Encore juvénile, il a l’intelligence de ne pas forcer sa voix, il reste parfaitement naturel. Comme Gene Vincent, il modernise des airs anciens tel “I’m Confessin’ ” (1930) qu’il a entendu toute son enfance joué par son père, chef d’orchestre, et sa mère, chanteuse. Il choisit “Am I Blue” (1929) et “Have I Told You Lately That I Love You” (1945) qu’Eddie Cochran épingle au même moment ; ou “True Love” de Bing Crosby qu’Elvis Presley vient d’inclure dans “Loving You”. C’est un garçon dans le coup ! Autre influence venue de Memphis, “Whole Lotta Shakin’ Goin’ On” doit plus à la version de Jerry Lee Lewis qu’à l’originale de Big Maybelle. Le rock’n’roll de Ricky Nelson conserve des touches pop ou country, les sources se mariant dans des chansons impeccables comme “Honeycomb” d’après Jimmie Rodgers. L’aspect rockabilly est à son comble dans un arrangement de “If You Can’t Rock Me” des Strikes. La réussite n’eût pas été si grande sans des musiciens particulièrement affutés. Le fan de Carl Perkins sait s’entourer. Soutenu entre autres par deux des meilleurs guitaristes, James Burton et Joe Maphis, Ricky Nelson entre dans l’histoire du rock par la grande porte.