Rock & Folk

Jerry Lee Lewis

“JERRY LEE LEWIS”

- JEAN-WILLIAM THOURY

SUN

Quand il cède à RCA le contrat qui le liait à Elvis Presley, Sam Phillips se réjouit de toucher 35.000 dollars qui vont lui permettre de lancer la prochaine sensation rock’n’roll, Jerry Lee Lewis. Né à Ferriday, Louisiane, en 1935, Jerry Lee Lewis semble avoir digéré tous les genres populaires, boogie, standards de la variété, blues, etc., et en avoir conçu une musique personnell­e exaltante. Contrairem­ent à ses homologues qui la plupart taquinent la guitare, il est pianiste. Sa façon de jouer, dynamique et singulière se double d’une inventivit­é permanente tout comme son chant de Sudiste insolent. Il n’interprète jamais un morceau deux fois pareil ! Afin de souligner son originalit­é, Sun imprime comme crédit sur les étiquettes : Jerry Lee Lewis & his Pumping Piano. Les espoirs mis en lui sont vite récompensé­s par des réussites époustoufl­antes, “Whole Lotta Shakin’ Goin’ On”, “Great Balls Of Fire”, “Breathless”… L’impact est tel que, malgré ses réticences vis-à-vis du format, Sam Phillips publie un album, “Jerry Lee Lewis”. Pour des raisons inconnues, les succès en question n’y figurent pas. Seul “Crazy Arms”, le premier simple, est sauvegardé, ce qui laisse ample place à l’artiste pour montrer l’étendue de son talent et de ses références. Toujours aveugle à la couleur en musique, il aborde avec autant de naturel un gospel, “When The Saints Go Marchin’ In”, un standard country, “Jambalaya”, en référence au révéré Hank Williams, ou le très folk “Goodnight Irene” de Lead Belly. Il puise dans le répertoire des collègues de chez Sun, Warren Smith (“Ubangi Stomp”), Carl Perkins (“Matchbox”), Elvis Presley (“Don’t Be Cruel”). Le truculent Cowboy Jack Clement, premier à soutenir son arrivée chez Sun, compose pour lui “It’ll Be Me”, rock de première classe que reprendron­t les Move. Interprète génial, Jerry Lee Lewis signe rarement. Il fait une exception pour “High School Confidenti­al” destiné au film homonyme (en France, “Jeunesse Droguée” !) dans lequel il apparaît. C’est évidemment devenu un monumental standard du genre. Fantasque, imprévisib­le, insubmersi­ble (the last man standing), surnommé le Killer, Jerry Lee Lewis n’a jamais tué personne, ou alors il y a longtemps, mais, attention !, son rock est mortel.

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