Spirit
“TWELVE DREAMS OF DR SARDONICUS”
EPIC
Ce quatrième album de Spirit, une des meilleures formations californiennes (Los Angeles) des années psychédéliques, a connu une gestation douloureuse. Les séances d’enregistrement s’éternisent, les dissensions musicales et idéologiques s’aggravent entre le chanteur Jay Ferguson et le guitariste Randy California, lui-même victime d’une chute de cheval qui l’immobilisera un certain temps et retardera d’autant les dernières mises au point. Malgré tous ces aléas, “Twelve Dreams Of Dr Sardonicus”, qui voit finalement le jour en novembre 1970, sera une réussite totale tant sur le plan artistique que commercial. Etonnamment, les cinq musiciens, Ferguson, California, augmentés du plus vieux batteur chauve du rock Ed Cassidy, le bassiste Mark Andes et John Locke aux claviers, paraissent plus unis et soudés que jamais pour réaliser ce concept-album dont les douze plages s’imbriquent les unes dans les autres par une sorte de fondu enchaîné tout en conservant leur originalité propre. Psychédélique certes, comme le souligne la pochette, mais Spirit est avant tout un groupe fusionnant pop, rock, jazz, folk et psyché dans des compositions taillées à la façon des pierres précieuses, privilégiant la mélodie, la finesse des arrangements, la limpidité des sonorités et la fluidité instrumentale (Randy California était un génie de la guitare). Les morceaux sont en général assez courts, sans aucune faiblesse et loin des improvisations lysergiques et des solos démonstratifs, monnaie courante à l’époque. Certains d’entre eux, tels “Prelude - Nothin’ To Hide”, “Nature’s Way”, “Animal Zoo” ou “Mr Skin” (surnom d’Ed Cassidy), se sont depuis longtemps frayé une place dans l’histoire du rock, mais il serait injuste d’en mésestimer d’autres tout aussi remarquables comme “Love Has Found A Way”, “Space Child” ou “When I Touch You”. Les rééditions de “Twelve Dreams Of Dr Sardonicus” en CD montrent à quel point cette musique demeure intemporelle, immaculée et que la production de David Briggs (Neil Young) était simplement parfaite. Peu après, Spirit se séparera puis, sous la direction du tandem California-Cassidy, se reformera pour livrer de nouvelles merveilles dont le grandiose “Spirit Of 76”. Malheureusement, le 2 janvier 1997, Randy California a été emporté par l’océan Pacifique au large de Hawaii.