Rock & Folk

John Lennon

“PLASTIC ONO BAND”

- JEROME SOLIGNY

APPLE

Selon Mark Lewisohn qui touche sa bille en Beatles, le plus grand groupe de tous les temps (ça commence fort) se sépara deux fois en 1970. La première fois le 10 avril, lorsque Paulo le Mac sortit son premier album solo et se sentit obligé d’envoyer avec une petit page d’auto-interview pour expliquer, en substance, que la vie était si belle avec Linda qu’il ne voyait pas l’intérêt de continuer de travailler avec les Beatles. Et puis, les Fab Four se séparèrent à nouveau, lorsque le même Paulo annonça en décembre qu’il comptait traîner ses potes en justice, ne serait-ce que pour montrer qu’il en avait dans la gueule. Entre les deux splits, John se fit beaucoup de soucis et alla même jusqu’à le crier sur tous les toits, de Tittenhurs­t Park à Los Angeles. En cure chez Janov, Yoko et lui firent les frais de la thérapie primaire de ce médecin futé qui gagna bien sa vie dans les années 60-70 en démontrant à des milliardai­res que le fait de crier fort les décoincera­it. Et coincé, John l’était sacrément. Alors John cria. Super fort. Qu’il voulait faire un disque rudimentai­re mais beau, avec Ringo, et Klaus Voorman à la basse. Il cria qu’il voulait que Yoko soit là également et qu’il jouerait le piano lui-même. Il cria si fort que Phil Spector l’entendit et vint. Sans mot dire. John cria qu’il allait chanter à propos de sa mère (“Mother”, “My Mummy’s Dead”), de son enfance (“Working Class Hero”), de la solitude et du mépris (“Isolation”), et de Dieu (“God”). Les autres le reçurent 5 sur 5. Et, un peu moins fort mais sans murmurer pour autant, il écrivit “Love”, que Macca prit dans les dents et dont la Streisand fit un bon gros tube. Enfin, il enregistra également “Look At Me”, qui aurait très bien pu figurer sur le Double Blanc, et “Remember”, qui plaira à un Lenny Kravitz. Puis il cria que c’était tout pour l’instant et que la suite, il faudrait l’imaginer, plus tard. Il cria qu’il allait mieux et qu’il boirait bien un petit quelque chose. Spector rangea son flingue et demanda si c’était vraiment fini. John lui cria si fort que oui, que le mixeur lunetté rentra à Los Angeles dans un tourbillon de postillons. Sans s’énerver, ni prétendre qu’il était meilleur qu’eux, John venait de faire la preuve que sans les Beatles, il n’était pas moins bon. Et il le pensa si fort qu’il n’eut besoin de le crier à personne.

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