Rock & Folk

Mahavishnu Orchestra

“THE INNER MOUNTING FLAMES”

- JONATHAN WITT

COLUMBIA

Si l’on ne le cite peut-être pas aussi souvent que ses illustres compères des sixties, John McLaughlin est un guitariste aussi brillant que mésestimé. Né en Angleterre, passé chez les maîtres Alexis Korner et Graham Bond, le jeune homme part très vite à la conquête de la Grosse Pomme. Il suit une ascension éclair : en quelques mois, il s’illustre aux côtés de Tony Williams, échange des plans avec Jimi Hendrix au Record Plant, et participe au fondamenta­l “Bitches Brew” de Miles Davis (lequel comporte même un titre à son nom). Au cours de ces séances regroupant de faramineux musiciens, il rencontre l’expert marteleur Billy Cobham avec qui il fonde le Mahavishnu Orchestra en 1971. Réunion de virtuoses venus d’horizons bien différents (République tchèque, Panama, Angleterre, Chicago), ce quintette se veut le véhicule idéal pour dévaler les fantaisies musicales de son prodige de six-cordiste, influencé bien sûr par le jazz mais aussi par la musique modale indienne, sous la houlette de son gourou Sri Chinmoy. Tout cela se mêle à merveille sur cet éblouissan­t premier album, considéré à juste titre comme l’un des opus fondateurs du jazz-rock. John McLaughlin y trace les contours fluides d’une musique imprévisib­le, frénétique, à l’étrange pouvoir d’évocation : rêve, angoisse, joie, tristesse, on pourrait presque parler de rock sensitif pour décrire ces morceaux entièremen­t instrument­aux qui misent sur la juste note pour transmettr­e leurs émotions. Tout commence par la versatile “Meeting Of The Spirits”, dopée par la frappe élastique de Cobham et le violon tzigane de Jerry Goodman. McLaughlin prend les commandes sur l’apaisée “Dawn” puis sur l’étincelant­e “The Noonward Race”, taquine fiévreusem­ent sa pédale wah-wah tout au long de “The Dance Of Maya”, aux nettes fragrances hendrixien­nes. Il s’affirme partout en réel patron, point convergean­t de toutes les improvisat­ions, le claviérist­e Jan Hammer proposant un soutien fondamenta­l à l’arrière-plan, créant des textures sonores variées. “The Inner Mounting Flame” s’achève sur l’atmosphéri­que “You Know You Know”, calme avant la proverbial­e tempête que constitue “Awakening”, conclusion dissonante nantie d’un bref et splendide solo de batterie. Groupe monde à la hauteur de vue imposante, le Mahavishnu Orchestra gagne dès son premier effort sa place parmi les formations les plus influentes de son temps.

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