Rock & Folk

Harry Nilsson

“NILSSON SCHMILSSON”

- BENOIT SABATIER

RCA

En 1968, Lennon et McCartney se voient demander : quelestvot­re

groupeamér­icain préféré? Leur réponse : “Nilsson”. Les médias enquêtent. Il s’avère que ce n’est pas un groupe, mais un gusse, prénommé Harry, avec déjà deux sublimes albums à son actif. Désormais sous le feu des projecteur­s, Nilsson voit un de ses vieux enregistre­ments, une reprise de “Everybody’s Talkin’ At Me”, pris dans le film “Macadam Cowboy”. Enfin un succès, suivi “I Guess The Lord Must Be In New York City” et “Me And My Arrow”. Et puis, alors que les Beatles viennent de se séparer, direction l’Angleterre pour l’enregistre­ment de “Nilsson Schmilsson”. Trois hits seront tirés de l’album. Harry a écouté “Without You” dans une fiesta : d’où sort ce morceau des Fab Four ? Il découvre qu’il est signé Badfinger, groupe Apple, il décide de le reprendre, entouré de musiciens qui viennent tous de bosser avec Lennon, Harrison ou Ringo. Pour le chant, une prise suffit. Nilsson invite Badfinger à venir écouter sa version. Ham et Evans, auteurs de l’originale, sont

dégoûtés :“La production, et cette voix, c’ était exactement ce qu’ on rêvait

d’enregistre­r.” Cette reprise frôle pourtant l’horrible, le côté powerballa­d qui colle au crâne (dont s’inspirera Eric Carmen pour “All By Myself”, mais aussi Scorpion pour ses slows baveux). Une mélodie optimisée pour tout rafler : numéro 1 des charts, Grammy de la best

vocal performanc­e. Deuxième single : le calypso “Coconut”, où Harry chante quatre personnage­s différents. Troisième hit : “Jump Into The Fire”. Alors là, Nilsson fout une rouste à tout le monde, par surprise. Connu pour ses chansons délicates (le côté gentil de McCartney), le voilà balançant du hard à fond les ballons — la face rock’n’roll de Lennon, pimentée de Stones et Led Zep. Quel morceau incroyable ! Parfaiteme­nt utilisé par Scorsese dans “Les Affranchis”. Les autres compositio­ns, “Gotta Get Up”, “Down”, “I’ll Never Leave You”, assurent à l’ensemble un niveau impression­nant, faisant de “Nilsson Schmilsson” le plus grand succès de son auteur — un demimillio­n de ventes. Ensuite, place à la fête du slip, les seventies se transforma­nt pour Harry en grande beuverie avec son ami Lennon. Quand celui-ci se fait flinguer, Nilsson prend sa retraite et part en croisade contre le port d’arme.

Withoutyou, je ne veux plus enregistre­r.

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