Rock & Folk

The Animals “ANIMAL TRACKS” COLUMBIA EMI

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19 65

Impossible d’oublier Eric Burdon et ses Animals ! Car le blues de ces fils de Newcastle-uponTyne est cru, brutal. Une musique de garçons, sûrs de leur provincial­e force. Une musique noire. Burdon est tombé dedans comme on dit à l’âge de dix ans. Un voisin marin lui rapportait d’Amérique des albums de Chuck Berry, Bo Diddley et Wynonie Harris, entre autres. Alan Price est lui aussi né à Newcastle. Une maladie infantile l’a obligé à rester deux ans couché. Il en a profité pour apprendre à jouer du piano et a monté un combo avec Hilton Valentine (guitare), Chas Chandler (basse) et John Steel (batterie). Rencontre. Dans les clubs de ce noir pays minier du Nord-Est de l’Angleterre, on rencontre de drôles d’énergumène­s, tel Animal Hog, proto-Hell’s Angel qui donne son nom au groupe. Très vite les Animals se taillent un noyau dur de fanatiques. Mickie Most les fait revenir de Hambourg et les appelle à Londres. Le rusé manager décroche à ses poulains la première partie d’une tournée Chuck Berry ! No shit... Chaque soir, sur scène, Chuck dévale ses tubes à cent à l’heure. Pour faire contraste, Burdon bosse un blues opiniâtre, histoire d’un bordel de la Nouvelle-Orléans qu’il connaît depuis des années, “The House Of The Rising Sun”. Alertée de mystérieux mouvements de jeunesse, Columbia/ EMI signe. Les Animals entrent en studio et clouent le fameux titre en deux prises chrono. Problème : leur version dure plus de quatre minutes... Une barre infranchis­sable pour les radios grandes ondes de 1964. Le disque sort sous une étiquette piteusemen­t truquée (on annonce un temps de 3’37 !) et soudain tout devient colossal pour les Animals. Numéro un en France, Grande-Bretagne, Etats-Unis... Les défenses américaine­s avaient été bien entamées par le choc Beatles, les Animals s’engouffrer­ont dans ce qu’on appellera la British Invasion. Au bout de 18 mois d’incessante tournée, le groupe explose, laissant un rugueux testament : 60 titres enregistré­s. On en trouve onze sur ce deuxième effort, le 45 tours fameux ne figurant pas sur aucun album original. Les Animals avaient du goût. Comme les Stones, ils bricolent du Jimmy Reed (“Bright Lights Big City”), osent l’exploit d’emprunter deux titres à Ray Charles et signent leur méfait du coup de boule “Roadrunner”, pur riff Bo Diddley. On vient de réécouter le disque : il sonne aussi frais et brutal qu’il y a cinquante ans. PHILIPPE MANOEUVRE

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