Rock & Folk

Vince Taylor “VINCE..!” BARCLAY

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Présent en France depuis 1956, le rock’n’roll devient phénomène de masse en 1960. Leurs aînés étant issus du jazz, les jeunes rockers ont peu d’exemples desquels apprendre jusqu’à ce que, en juillet 1961, arrive d’outre-Manche Vince Taylor (Brian Holden, 1939-1991). Le créateur de “Brand New Cadillac”, venu pour un Olympia consacré au rock’n’roll britanniqu­e, vêtu de cuir noir, maquillé, bouge en scène avec grâce et énergie. Signé par Barclay, il enregistre une belle série de standards du rock’n’roll. Ses musiciens aussi font forte impression. Menés par Bobbie Clarke, l’homme aux deux grosses caisses, les Playboys terrassent chaque soir le public. Les locaux prennent des notes... D’où le titre d’un premier album, “Le Rock C’Est Ça”. Mais Taylor a des problèmes. La mise à sac des salles par ses supporters lui vaut une mauvaise réputation. Affabulate­ur psychotiqu­e, il décourage organisate­urs, journalist­es et musiciens, hormis son fidèle batteur qui organise un nouveau combo, le Bobbie Clarke Noise. Ils se produisent en première partie des Stones à l’Olympia. Un show époustoufl­ant qui donne à Barclay l’idée de “Vince..!”, réalisé en studio avec toutes les caractéris­tiques d’un enregistre­ment public. Taylor et son gang — Ralph Danks, Johnny Taylor (guitares), Alan Bugby (basse), Bobbie Clarke (batterie) — sont captés en direct, jouant avec une fougue transcenda­ntale. C’est la folie ! Fiévreux, les instrument­istes produisent un son touffu, une jungle dans laquelle la voix féline se fraie un passage entre roulements de batterie, glissandos de basse et griffures des guitares. Taylor atomise “Long Tall Sally” ou “My Baby Left Me” avec insolence. Bobbie Clarke place un solo de six minutes, “Clank”, chaînon manquant entre les Shadows et Cream. Le délire atteint son maximum avec une version improbable de “High Heel Sneakers”. Aucun disque ne peut rivaliser en matière d’improvisat­ion rock débridée. Du génie à la folie, on le sait, il n’y a qu’un pas. Taylor sera peu après saisi d’un fatidique délire mystique... JEAN-WILLIAM THOURY

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