Rock & Folk

The Sonics

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“HERE ARE THE SONICS !!!” ETIQUETTE 19 65

Voilà le disque punk rock. Tout démarra dans la région de Washington, juste à côté de Seattle. Fin 1963 à Tacoma, The Sonics ne pouvait bien sûr pas imaginer l’impact qu’allait avoir sa musique primitive dans les garages du monde entier, déclenchan­t un véritable tsunami qui allait se répercuter quelques années plus tard de territoire punk en contrée metal ou grunge. Nirvana et Mudhoney (de par leur proximité géographiq­ue), mais aussi The Cramps, Fall, Fleshtones, Fuzztones, White Stripes ou Hives allaient en effet tous se charger de répandre la parole des Sonics, une bande de gamins ayant à la base pour idée principale de mélanger danse et bruit, et de masquer l’aspect technique limité par une énergie hardcore. Musicaleme­nt traumatisé par le rhythm’n’blues et l’aîné local The Fabulous Wailers, la formation teigneuse part d’ailleurs en studio sous l’égide du bassiste Buck Ornsby et de son ingénieur du son Kearney Barton en 1965. Enregistré sur deux pistes, avec un seul micro placé derrière la batterie frénétique, “Here Are The Sonics” s’ouvre avec “The Witch” qui cueille tel un uppercut en plein visage. Pas venus pour accrocher des fleurs dans les cheveux, les cinq Sonics chantent le diable, les filles et les drogues. La guitare fuzz de Larry Parypa et la basse spectrale de son frère Andy forment un solide mur de son que le saxophone Rob Lind parvient à régulièrem­ent tronçonner, tandis que Gerry Roslie évoque un croisement livide et hurlant entre Little Richard et Screamin’ Jay Hawkins. De “Psycho” à “Strychnine” en passant par “Boss Hoss”, le chanteur des Sonics ne compose (à l’orgue ou au piano) que des hits. Mais une bonne moitié du disque se voit d’abord constitué de reprises de classiques du moment comme “Have Love Will Travel” de Richard Berry, que le groupe s’approprie totalement, ou “Do You Love Me” des Contours, génial titre Motown adapté à l’environnem­ent rapide et furieux. Un univers sauvage en réaction à la guerre au Vietnam dans une Amérique qui ne se rend alors guère compte de l’importance de ce premier album, qui restera comme le parangon proto-punk des années à venir. “Boom”, son unique successeur enregistré l’année suivante se révélera pourtant du même calibre, peu avant que les Sonics ne se séparent pour finalement décider de se reformer quasi-intacts quarante ans plus tard. VINCENT HANON

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