Rock & Folk

Easybeats

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“IT’S 2 EASY” PARLOPHONE 19 66

Tranchants, autant dans leur jeu que par le génie de leurs chansons, mais goofy dans leur attitude, les Easybeats sont l’un des secrets les mieux gardés du rock sixties et le premier groupe australien digne de ce nom. Une véritable

easymania gagne le pays au moment où sort ce deuxième LP, “It’s 2 Easy” en mars 1966. Pourtant, les Néerlandai­s Harry Vanda et Dick Diamond, les Anglais Steve Wright et Gordon Fleet et l’Ecossais George Young (frère d’Angus et Malcolm, futurs AC/DC, et d’Alex Young, des Grapefruit signé chez Apple) n’avaient pas posé les pieds down under depuis longtemps. Nouveaux arrivants, ces cinq-là se rencontren­t dans un hôtel de migrants où des locaux organisent des ratonnades. Pour se sortir du ghetto, les Easybeats sortent en 1965 une série de 45 tours et un LP dans la droite lignée des Beatles rock’n’roll. Leur single “She’s So Fine”, avec son riff haché et son

backbeat bien méchant, sonne comme une version garage de “I Saw Her Standing There”. Autant d’électricit­é hystérise les fans qui, quand elles ne tombent dans les vapes, enfoncent la porte de leurs maisons. Autant de promesses donnent au Easybeats des ailes : ils s’envolent pour l’Angleterre, vers la gloire. Et déchantent : à peine ont ils vu un concert de The Move à Londres qu’ils comprennen­t qu’ici, la compétitio­n est rude. Pour se faire aider, le groupe sonne à la porte de Shel Talmy, un Américain responsabl­e du son explosif des Creation, Kinks et surtout des Who. Ce dernier les fait travailler sur un morceau qui, une fois terminé, sera couché sur bande en une prise. “Friday On My Mind”, signé Young/ Vanda, avec son riff à la “Train Kept A Rollin’ ” revu et corrigé par le Mersey beat, son texte de pure nonchalanc­e adolescent­e et ses choeurs sans pareil, en font l’une des chansons les plus importante­s de l’air pré-psychédéli­que. Les Easybeats jouent au Saville Theatre devant des Beatles et des Rolling Stones impression­nés et Brian Epstein leur propose un contrat de management. Au lieu de cela, ils retournent au pays des kangourous, sont balayés par la vague acide, alors que Young et Vanda délivrent une partie des plus belles chansons des sixties. Beaucoup d’erreurs de carrière pour un groupe qui avait tant de goût. THOMAS E. FLORIN

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