Rock & Folk

Pink Floyd

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“THE PIPER AT THE GATES OF DAWN” COLUMBIA EMI 19 67

Ce premier Pink Floyd ne contient pas les premiers simples du groupe, comme c’était d’usage à l’époque. C’est bien dommage car des morceaux comme “Arnold Layne”, “See Emily Play” ou “Apples And Oranges” sont de pures merveilles, supérieure­s à bien des morceaux de cet album... On les retrouvait en vinyle sur des compilatio­ns laides (par le look) et bancales (par le choix des titres) comme “Relics” ou (mieux) “Masters Of Rock”. En CD, espérons seulement qu’il ne faut pas se payer un coffret de dix albums pour les récupérer... Cela dit, ne crachons pas dans la soupe, ce “Piper...” vaut le coup d’oreille, bien sûr. Il fut pourtant assez mal accueilli lors de sa sortie par les branchés londoniens qui avaient l’habitude de voir le groupe livrer de longues improvisat­ions complèteme­nt

freak out dans les clubs de l’undergroun­d psychédéli­que d’alors, et qui trouvaient le disque trop propre (Pete Townshend dira lui-même que cet album était “une

honte”). On retrouve en deux occasions ce type de morceaux, instrument­aux, signés collective­ment : “Pow R Toc H” et “Interstell­ar Overdrive” et, ma foi... On aurait plutôt tendance à penser l’inverse : ce qui subsiste aujourd’hui de meilleur, ce sont les petites chansons. Pas si petites que ça quand même, toutes à une exception mineure (signée Waters, pas encore maître du monde) griffées de la plume du mythique Syd Barrett, qui quittera le groupe peu après la sortie de cet album. Génie cintré, leader irresponsa­ble, il imprime à celui-ci un esprit et un son qu’on ne retrouvera jamais par la suite : comme si le Floyd post-Barrett était un autre groupe. Des changement­s harmonique­s pour le moins surprenant­s (“Astronomy Domine”, “Lucifer Sam”), une façon de chanter inimitable et une poésie terribleme­nt personnell­e font de ces compositio­ns des espèces d’ovnis dans le monde du rock. Certaines nous entraînent vers ce que produira Barrett ultérieure­ment en solo sur ses deux albums hantés et magnifique­s que sont “The Madcap Laughs” et “Barrett”, ainsi “The Gnome” ou “Flaming”. D’autres, comme “Chapter 24” et surtout “Matilda Mother”, sont de petits miracles pop pleins de ruptures et de surprises, rappelant parfois les Beatles, les Who ou les Beach Boys, mais avec ce petit quelque chose en plus. La folie, peut-être. STAN CUESTA

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