Rock & Folk

Gorillaz

“The Now Now”

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Vive la vie ! Et les bons disques qui la ponctuent. Et merci à Damon Albarn (et son ami Hewlett) de penser avec son coeur et d’aimer avec son cerveau. C’est déjà le sixième Gorillaz et on jurerait que le premier est paru hier. C’est le cas, mais pas sur la même échelle de temps. Enregistré vite fait, sans liste pléthoriqu­e de guests, “The Now Now” s’inscrit dans la continuité de ce que tente d’accomplir le groupe virtuel depuis près de vingt ans, tout en se démarquant de son prédécesse­ur. L’ambiance ici — concoctée par Albarn avec James Ford et Remi Kabaka — est festive, mais ceux qui dansent le font en lévitation au-dessus d’un marécage, avec, de fait, un voile sur leurs gestes. La Terre a chaud aux fusibles, la bêtise gouverne, la téléphonie ronge le cerveau, alors Gorillaz aborde chacun des onze titres réunis ici comme s’il s’agissait de nids à poussière. Les mélodies sont claires, peut-être, mais il n’y a bien qu’elles. Les arrangemen­ts crissent dans l’oreille, se frittent dans la reverb, ça filtre à très haute dose. Comme d’habitude, la plupart des rythmes groovent, mais pas trop, jamais trop. Quant à la voix, elle reste l’unique repère lorsque l’album frise le vrillage. “Humanity”, d’emblée et avec George Benson à la demi-caisse, plante un décor qui n’est pas le bon. “Kansas” et ses claps à la Blow Monkeys, “Idaho”, un peu fausse parce que la justesse a ses limites, “Lake Zurich”, aussi lo-fi qu’instrument­ale, et l’entêtante “Souk Eye” sont les sommets d’un album qui se disloque un peu comme banquise au soleil (“Magic City”, “One Percent”). Forcément, puisque c’est dans l’air du temps, on n’a pas beaucoup d’autres choix que de se défaire avec. JEROME SOLIGNY

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