Jim James
“Uniform Distorsion”
ATO/PIAS
Il y a eu un moment où l’on a cru Jim James perdu pour la cause. A la découverte du dernier album de My Morning Jacket, précisément : “The Waterfall” (2015) et ses constructions archi-ambitieuses, boursouflées. Le quintette du Kentucky a depuis été mis en mode pause, comme si son leader et exclusif compositeur (James, donc) avait lui-même fait le constat de cette impasse. Depuis, trois projets solos, aux antipodes de tout ça : un album de soul cosmique tourmenté (“Eternally Even”, 2016), un de reprises jazz/ soul/ pop, sobre et beau (“Tribute To 2”, 2017) et cet “Uniform Distorsion” qui marque un nouveau virage. Les onze titres ont été enregistrés en un claquement de doigts en trio guitare/ basse/ batterie, avec de vieilles accointances du Kentucky, plus un trio vocal féminin. Mot d’ordre : retour au rock. Brut et jouissif. Le titre renvoie à la saturation omniprésente sur chaque riff, chaque solo, mais aussi, James restant un observateur préoccupé de ses semblables, à celle d’un monde dégorgeant d’informations et de stimulations digitales. Bref, le plus important c’est que James a retrouvé un songwriting aiguisé. Pas de fioritures, mais un alignement de hooks, refrains qui restent en tête, parties leads héroïques, en droite ligne du Loner. “Throwback”, titre joué par My Morning Jacket, et “Yes To Everything” sortent du lot par leurs lignes mélodiques irrésistibles, mais l’ensemble est très homogène. Jim James vient d’avoir quarante ans et les paroles ont leur importance, bilan amusé d’une existence passée à embrasser les excès, à réitérer les mêmes erreurs, mais, infine, à jouir du simple fait d’être en vie. Un album pour partir en virée le samedi soir, donc, mais un peu plus que ça. BERTRAND BOUARD