Rock & Folk

Danny Goffey

“Schtick”

-

DISTILLER

La misère de la pop locale nous mène à la conclusion suivante : ce genre musical est trop capital, surtout en 2018 où il est un peu l’alternativ­e à tout ce qui craint fort, pour être laissé en n’importe quelles mains. Celles des Anglo-Saxons, n’en déplaise, sont les plus expertes. Une affaire de gènes et d’ongles peints, c’est certain. Et depuis plusieurs décennies, on sait que ça peut défouraill­er de partout, surtout lorsqu’on ne s’y attend pas. Danny Goffey, par exemple, si on ne l’avait pas croisé finalement assez souvent depuis la fin de Supergrass, et toujours en bonne compagnie (on se souvient de ses concerts avec Air), on ne l’aurait pas forcément cru capable de décocher un disque comme ce vrai-faux premier album solo qu’est “Schtick”. Si c’était une fléchette, c’est exactement le bruit qu’elle ferait en se plantant dans le front des sceptiques. Après tout, Goffey (n’)était (que) le batteur du trio d’Oxford et on pouvait penser que la gestion de la suite, pour lui, ne serait pas aussi évidente que pour Gaz Coombes, son leader. Erreur ! Danny Goffey a de la ressource, est malin comme un singe qui brasse les influences sixties et seventies, se laisse ballotter par les courants (mod, punk, new wave), mais ne régurgite pas. Sa pop, comme celle des Members, des Fabulous Poodles, de Talking Heads ou de Ian Dury en leur temps, n’est pas un musée. C’est un faux bordel, un condensé d’énergie bien agencé, un truc compact qui va droit au but, à base de mélodies catchy, porteuses de textes malins, qui tombent comme des couperets. Et puis, “Oh Yes, Hey Hey !”, ce onzième morceau qui clôt le disque, est le meilleur de Syd Barrett depuis sa mort. Alors, respect. JEROME SOLIGNY

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France