Rock & Folk

Nine Inch Nails

“Bad Witch”

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CAROLINE

Cela fait presque deux ans que Trent Reznor a lancé, sous forme d’une trilogie de mini-albums, ce qui s’imposera avec le temps comme l’un de ses travaux les plus aboutis. Après l’autoréfére­ntiel “Not The Actual Events” en 2016, puis le bien nommé “Add Violence” en 2017 voici donc “Bad Witch”, chapitre final de ce renouveau artistique. Deux éléments jouent ici un rôle fondamenta­l : l’expérience accumulée lors de la compositio­n de musiques pour le cinéma au côté d’Atticus Ross (désormais membre à plein temps), et le fantôme de David Bowie, omniprésen­t. Le saxophone halluciné de “Play The Goddamned Part” et de “God Break Down The Door”, La rythmique explosive de “Ahead Of Ourselves”, la mélancolie aérienne du chant de “Over And Out” survolant des arrangemen­ts qui n’auraient pas dépareillé sur la face instrument­ale de “Low” en 1977, tant d’éléments qui rappellent l’influence profonde du mentor David Bowie sur Trent Reznor. L’ancien élève paraît ici reprendre un flambeau spirituel. La puissance symbolique qui se dégage de ce passage de relais entre deux mondes a quelque chose de vertigineu­x, qui prend tout son sens lors d’une écoute enchaînée de trois segments de la trilogie. Comme Bowie en son temps, NIN a livré trois albums à la fois indépendan­ts, courts, et formant un ensemble totalement cohérent. L’artiste Reznor, autrefois impulsif et anxieux, a laissé place à un créateur apaisé, sans pour autant avoir perdu de sa hargne. Preuves en sont ces six titres urgents, dissonants, qui regardent, inquiets, un futur sur lequel l’homme a perdu tout contrôle. Un constat difficile pour l’humanité, une chouette opportunit­é de faire de grands disques pour Nine Inch Nails. JOE HUME

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