Ruen Brothers
“All My Shades Of Blue”
RAMSEUR
Depuis “Aces” et “Walk Like A Man”, autoproduits en 2013, la réputation des Ruen ne cesse de grandir (Ruen est la réunion des premières syllabes des prénoms d’authentiques frères, Rupert et Henry Stansall). A leur propos, sont toujours évoqués Roy Orbison et les Everly Brothers, influences dues à un père érudit. Ces références attirent l’attention mais placent la barre trop haut : qui pourrait soutenir de telles comparaisons ? Par ailleurs, elles limitent à tort car, même si tout sur la pochette semble indiquer un album de paléo-rock, on y entend des échos de David Byrne, de Morrissey et de beaucoup d’autres. Originaires de Scunny (surnom de Scunthorpe) à 190 km au nord de Londres, les Ruen sont partis outre- Atlantique. Là, Rick Rubin (producteur des Beastie Boys, Johnny Cash, etc.) leur permet d’enregistrer dans son studio de Malibu, le Shangri-La (racheté à Bob Dylan), avec l’aide de Dave Keuning, guitariste des Killers, Matt Sweeney, guitariste de Chavez, feu Ian McLagan, organiste des Small Faces, Chad Smith, batteur des Red Hot Chili Peppers, Brendan Benson, compositeur et membre des Raconteurs. On oublie d’emblée cet aréopage tant la personnalité des frères s’impose. Henry (le plus brun) a une manière spéciale de chanter avec des montées surprenantes, dramatiques. Son frère, guitariste, le rejoint pour des harmonies travaillées. La tonalité souvent sombre des paroles justifie le titre général. Outre une jolie reprise de “Make The World Go Away” (Ray Price, 1963), les Ruen conservent du rock des premières années des qualités déterminantes : une exigence pour la mélodie, la structure, la concision, l’exécution ; d’où un résultat intemporel. JEAN-WILLIAM THOURY