The Jayhawks
“Back Roads And Abandoned Motels”
LEGACY/SONYMUSIC
Les Jayhawks ont une histoire compliquée, faite de changements de personnel, de séparations, de retours... Mais ils publient toujours de très beaux albums. Celui-ci ne fait pas exception, même s’il est original dans sa conception : le réenregistrement de chansons que Gary Louris — son leader — a coécrites avec et pour des artistes comme les Dixie Chicks, Jakob Dylan ou autres, et qu’il ne chante pas toutes, à l’image du premier titre, “Come Cryin’ To Me”, délicieux rhythm’n’blues poppy, interprété par la pianiste Karen Grotberg. De même, le batteur, Tim O’Reagan, chante — très bien — deux chansons. Le syndrome Don Henley ? Ce n’est pas une blague. Ce disque fait souvent penser au rock californien des années 70, comme si les Jayhawks réussissaient à sonner comme les Eagles (“Need You Tonight”) ou Fleetwood Mac (“El Dorado”), deux groupes actuellement très tendance par chez nous, après y avoir vécu quelques décennies de purgatoire... Cet album est raffiné, mélodique, divinement joué, arrangé et chanté, au point de tomber parfois dans une joliesse excessive. Ce groupe qu’on avait découvert en 1991 avec son chef-d’oeuvre, “Hollywood Town Hall”, et adoré parce qu’il semblait reprendre la flamme d’un Gram Parsons jammant avec les Rolling Stones de 1970, n’a cessé de dériver, après le départ de Mark Olson, vers une musique de plus en plus pop et policée. On oscille donc ici entre le plaisir béat d’entendre de fabuleuses harmonies à la Beach Boys et l’inquiétude d’exploser notre taux de glycémie — notamment sur les deux nouveaux titres de Louris, “Carry You To Safety” et “Leaving Detroit”, emblématiques de cette nouvelle direction middleoftheroad. Un album presque trop parfait. STAN CUESTA