“Revolutionary Spirit
– The Sound Of Liverpool 1976 - 1988”
Cherry Red (Import Gibert Joseph)
Des années durant, entre Liverpool et Manchester, ce n’était pas qu’une affaire de foot. Musicalement, c’était la guerre aussi. A priori, la première ville partait gagnante (avec les Beatles ayant tout lancé, pensez donc), mais la seconde semblait prendre le dessus dès les années punk (Buzzcocks) et post-punk (Joy Division). Au milieu des années 90, l’affaire était pliée : avec Oasis (et précédemment les Stone Roses et les Happy Mondays) en son sein, Manchester devenait reine de la pop anglaise. Mais le coffret qui nous intéresse détaille la scène liverpuldienne jusqu’à 1988, à l’époque où rien n’était définitif... En quatre CD et un excellent livret, “Revolutionary Spirit” montre parfaitement à quel point cette grande ville (bien plus agréable à vivre que Manchester et nettement plus sympathique à visiter) portuaire littéralement irriguée de musique depuis le début des sixties mais un peu éteinte dans la décennie suivante, a su se revitaliser à partir des années punk, mais surtout, juste après. Des groupes comme Big In Japan faisant office d’incubateur (Budgie, futur Banshee, Holly Johnson, futur FGTH, Ian Broudie, futur Lightning Seeds, Bill Drummond, futur KLF, etc.) et quelques originaux très doués (Teardrop Explodes de Julian Cope et Echo & The Bunnymen de Ian McCulloch, deux fortes personnalités qui n’étaient pas faites pour s’entendre), l’avenir s’annonçait radieux. Suivront Nightmares In Wax (avec Pete Burns) et Orchestral Manoeuvres In The Dark, ainsi qu’une myriade de groupes plus ou moins oubliés aujourd’hui (The Moondogs, Modern Eon, Faction, Spitfire Boys, Window, The Nice Men, A Formal Sigh, Box Of Toys, etc.) tous réunis sur cette anthologie très pointue, avant les années de gros jackpot pour Frankie Goes To Hollywood, les Bunnymen ou Julian Cope, tandis que parallèlement, les Lotus Eaters ou les Pale Fountains inventaient avec grâce des choses nouvelles. Mais, tandis que la rivale Manchester allait conquérir le RoyaumeUni un peu plus tard avec sa scène baggy, à Liverpool, dans l’ombre, un génie s’apprêtait à faire son apparition : dès 1987, les La’s de Lee Mavers sortaient un single. Et bientôt, un album éternel. Les La’s seront, sans doute, les derniers grands génies de Liverpool.