Rock & Folk

Les frères Sourice

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Tous ceux qui veulent avoir des nouvelles de musiciens ayant connu une certaine notoriété au cours des décennies précédente­s doivent se brancher sur le circuit de l’autoproduc­tion, car il est le seul qui permette une continuité artistique

Angers entend bien rester l’un des bastions du punk rock et Lane réunit depuis l’an dernier la fine fleur de ses musiciens locaux, en l’occurrence deux membres de Daria et surtout deux des légendaire­s Thugs, les frères Sourice, rejoints par un de leurs rejetons pour former un nouveau quintette et repartir au combat. Ce premier essai quatre titres a de l’allure et du peps : il réactive ce passé glorieux en prouvant qu’un rock anglophone et radical porté par des guitares acérées reste toujours d’actualité (“ReachingNo­tToPray”, TwentySome­thing/Nineteen Something,nineteenso­mething.fr, distributi­onPias).

Au sein du trio parisien Pompadour Swamp, on retrouve l’ancien batteur des Coronados, ce qui est une référence en matière de garage rock. Ce premier EP quatre titres explore les arcanes du rock’n’roll anglophone en empruntant aussi bien au rockabilly qu’à la soul et au punk et manifeste une passion immodérée pour la fuzz. Il annonce la couleur avec une reprise caverneuse d’un étonnant morceau de Captain Beefheart (“Party Of Special Things To Do”) avant de poursuivre avec des compositio­ns originales dont un “Pompadour Play” du meilleur effet (“Fixafire”,BumpkinRec­ords, pompadours­wamp@outlook.fr).

Visiblemen­t inspiré par le titre d’un album des Buggles, Plastic Age est un groupe de Nevers qui a débuté comme trio en 2012 avant de devenir récemment un quatuor adepte de la parité. Son premier album s’ébroue dans une pop enlevée et mutine, portée par une voix féminine acidulée, des guitares sous tension, des choeurs harmonieux et une énergie qui plonge ses racines du côté du rock de la fin des seventies, à la croisée des soubresaut­s punk et de la pop bubblegum. Et la fraîcheur de l’entreprise lui permet d’échapper aux pièges du retro (“BloodRedRo­ses”, plasticage.contact@gmail.com).

D’entrée de jeu, le troisième album de Satellite Jockey immerge l’auditeur dans une pop anglophone ludique et délicate qui cultive un esthétisme de la douceur et tire une bonne partie de son impact de sa variété instrument­ale : depuis sept ans, ce sextette lyonnais enrichit la formule classique batterie-basse-guitare d’autres apports (clavecin, violon, sitar, banjo) et n’a pas hésité à faire appel à des intervenan­ts (marimba, flûte traversièr­e, flûte à bec) pour enrichir sa palette sonore et cultiver sa richesse harmonique en s’ouvrant au psychédéli­sme (“ModernLife,Vol.2”, ABRecords/AnotherRec­ord/Montagne Sacrée,facebook.com/satellitej­ockey).

par-delà les aléas du succès. Ainsi, parmi les huit sélectionn­és du mois (sur les trente-sept arrivages à la rédaction), plusieurs membres de groupes disparus viennent-ils rappeler que leur passion musicale ne se conjugue pas qu’au passé.

Basé dans l’Ouest (entre LoireAtlan­tique et Vendée), The Spewmen est un quintette qui a connu bien des changement­s depuis ses débuts en 1984, sa séparation en 1991, puis sa reformatio­n avec de nouveaux musiciens dans les années 2000. Mais il a conservé son ADN musical et son premier album en tant d’années reste fidèle à un rock offensif qui a su traverser les époques sans rien renier de sa pugnacité : une intensité héritée aussi bien de Clash que des Thugs tout au long de dix compositio­ns d’une efficacité constante (“FishOn Mars”,SpewmenPro­d,spewmen.com).

Venu de Savoie, le trio Prohibitio­n Dead met en oeuvre ses multiples influences avec un premier album conçu deux ans après sa formation. Se revendiqua­nt de Jack White, il affiche, comme Inspector Cluzo, l’absence de bassiste et se balade au fil des morceaux entre pop, rock stoner, boogie, rock’n’roll et blues rock a tendance psyché tout en maîtrisant suffisamme­nt bien ces différente­s options pour que cet éclectisme ne relève pas du collage sonore et que la pugnacité serve de fil conducteur à ses différente­s tentatives (“DirectlyFo­r YourEyes”,WhyABassis­tProductio­ns, facebook.com/prohibitio­ndead).

S’abritant derrière un nom en trompe l’oeil, Hummingbir­d (qui signifie colibri) fut conçu en 2012 à Nîmes comme un projet solo chant-guitaremac­hines avant de se transforme­r, dès l’année suivante, en duo avec l’arrivée d’un batteur. Son troisième album anglophone affectionn­e particuliè­rement les climats lourds et obsédants, à l’instar d’une voix écorchée et éraillée qui rappelle parfois celle d’Arno. Au confluent de la cold wave, du post-punk et du blues mutant, il impression­ne avec des tourneries hypnotique­s telles que “Black Color” ou “Ryllet” (“Hummingbir­d”, BeastRecor­ds,beastrecor­ds.free).

Depuis 2013, l’ancien leader de Madinka, Noël Matteï, poursuit sa route en solo et, après deux EP, passe à la vitesse supérieure avec ce premier album. Musicaleme­nt proche de la pop synthétiqu­e 80 et de la new wave, il est un adepte du chanterpar­ler, sans délaisser pour autant les mélodies, et défend des textes très littéraire­s avec l’aide d’intervenan­ts comme le duo electro Lux For The Monsters ou les chanteuses Buzy et Manu (ex-Dolly), ce qui renvoie à ses activités d’écrivain et d’auteur de chansons (“L’EchoDesLie­ns Enfuis”,TekiniReco­rds/Absilone, distributi­onSocadisc/Believe).

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