Rétro CTrop
30 JUIN ET 1ER JUILLET, CHATEAU DE TILLOLOY Electron libre dans le paysage français, le festival proposait pour la troisième année consécutive une affiche seventies à souhait.
Les 14 000 spectateurs du week-end n’ont bravé l’écrasante chaleur que pour l’essentiel : la musique, (néo) vintage et jouée par des légendes. Le concert grandiose de Rival Sons est introduit par le premier programmateur du groupe de Long Beach sur les ondes françaises : Francis Zégut. Les déçus de “Hollow Bones”, troisième album sorti dans la précipitation, se consolent sur des titres désormais cultes comme “Electric Man”. Roger Hodgson, la voix de Supertramp, n’a rien perdu de sa popularité, comme en témoigne la forêt de smartphones qui s’élève de la foule pour une captation pirate de “The Logical Song”.
Trust, beaucoup plus aventureux qu’au Hellfest 2017, joue intégralement “Dans Le Même Sang”, l’album de la résurrection hard de gauche réac’ dont émergent “L’Exterminateur”, dédié à ceux qui ont voté “en marche arrière”, et “Christique”, reflet d’une société — la nôtre — qui manque cruellement d’icônes. Les trois choristes qui épaulent Bernie Bonvoisin — au look définitivement caillera — font l’unanimité lors des plans bluesy. Le lendemain, Christian Décamps et fils, chantent Ange et Brel (“Ces Gens-Là”). Et redonnent, par claviers interposés, ses lettres de noblesse au spectacle vivant. Le contraste stylistique est total avec le groupe suivant : les Buzzcocks, increvables dépositaires du punk rock british. Les moulinets de bras du guitariste Steve Diggle, à la Pete Townshend, en jettent sous les lumières, mais le son reste abrasif.
Steven Wilson est le coup de poker de l’organisation qui compte bien bluffer les fans de Sting : le Chapman stick (sorte de guitare à 10 cordes prisée par Peter Gabriel et King Crimson) et la batterie sur rack, signes extérieurs d’un prog’ décomplexé, ne laissent rien présager de la tornade disco finale, “Permanating”. Sting, sur lequel le temps semble ne pas avoir de prise, et
Shaggy, au flow reggae-rappé, présentent leur collaboration transculturelle comme un acte politique. Ils sont surtout d’excellents passeurs du répertoire de Police auprès de la jeune génération.