Eurockéennes de Belfort
05 AU 08 JUILLET, PRESQU’ILE DU MALSAUCY (SERMAMAGNY) Trentenaire fringante, l’institution belfortine affiche un bilan record avec près de 135 000 festivaliers et un tout petit peu de pluie.
Jeudi, dès 19 h 15, la patrouille de France offre plusieurs passages pour célébrer les 30 ans des Eurocks mais, rapidement, des trombes d’eau s’invitent au concert de Texas. Les Ecossais, habitués au phénomène et imperturbables, livrent une prestation courageuse pour nostalgiques des nineties. C’est ensuite un long tunnel rap pour djeunes en recherche de sensations fortes avec les passages de
Bigflo & Oli, Orelsan et du poids lourd américain Macklemore. La pluie est oubliée et Malsaucy est heureuse. Vendredi, grand soleil et de nombreux maillots bleus fleurissent sur le site. La France est en demie et le charismatique
Nakhané, la bonne surprise avec son electro soul qui envoûte et rappelle le meilleur de TV On The Radio. Un peu plus loin, Michelle David et sa soul vintage enthousiasment un public familial tandis que les lunaires Insecure Men écourtent un set beaucoup trop fragile en extérieur devant un parterre étonné et qui préfère se rendre au retour de l’activiste LGBT,
Beth Ditto. C’est ensuite l’avalanche de grosses guitares avec les Prophets Of Rage pour un concert redoutablement efficace et ouvertement anti-Trump. Habitué des lieux, Trent Reznor semble aussi affuté que lors de son passage en 2000. Son monstre Nine Inch Nails impressionne de puissance, idéalement servi par des éclairages hypnotiques. Heureux retour également de FFF qui galvanise le Chapiteau et ravive avec panache le souvenir de sa venue en 1997. Samedi, les apprentis Jam nord-irlandais de
Touts distribuent les premières cartouches mais la claque du jour se nomme
Caroline Rose sur la scène de la Loggia. Cette Punky Brewster du Vermont affiche la fraîcheur des Lemon Twigs, la coolitude de Courtney Barnett, les pitreries de MacDeMarco mais, surtout, sert d’impeccables mélodies néo-eighties ambitieuses et jouissives. Les Queens
Of The Stone Age, malgré un set concis, déçoivent et semblent avoir perdu en route ce supplément d’âme qui faisait leur singularité dans le milieu stoner. Pour le dernier jour, les vétérans grunge d’Alice In
Chains invoquent avec éclat le fantôme de Layne Staley avant la fierté nationale,
The Limiñanas. Marie et Lionel, confirment leur excellente forme avec une dynamique prestation fuzzy et délicieusement maîtrisée. Les Three Lions ont beau être qualifiés, Liam Gallagher est le seul Anglais de mauvaise humeur. Il le fait savoir par une nonchalance encore plus significative que d’habitude avant que
Seasick Steve et son grisant boogie-woogie blues ne fasse déborder le Chapiteau de sourires béats par quatre jours de plaisir.