Rock & Folk

REX

L’acteur de “Tonnerre Mécanique”

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Si Rex Smith est désormais connu comme acteur de séries télévisées (“Tonnerre Mécanique”, “Alerte A Malibu”) et figure de Broadway (“Grease”, “The Pirates Of Penzance”), il est amusant de constater que son ambition, à l’origine, était de devenir le prochain Robert Plant ou Steven Tyler. La carrière hard rock de Rex fut courte, mais sacrément fructueuse... Né en Floride, Rex Smith passe son enfance à Atlanta. Dès le lycée, il empoigne un micro au sein de Tricks et mène alors une vie de bohème, avec le guitariste Lars Hanson et bientôt l’expériment­é batteur Mike Ratti (qui oeuvrait dans le très culte Morgen quelques années auparavant). Ces joyeux drilles écument les débits de boisson mal famés, puis se séparent. L’aspirant screamer est alors recruté par le rival du coin, Phaedra, groupe qui est capable d’amasser de lucratifs cachets. Il y côtoie un autre guitariste, Louis Van Dora. Au bout d’un an et demi, Phaedra grave quelques morceaux, prestement envoyés à la fameuse agence Leber-Krebs, qui préside alors aux destinées d’Aerosmith et Ted Nugent. David Krebs voit d’emblée un certain potentiel à ce chanteur à la gueule d’ange. Il propose à Rex seul de venir à New York où son grand frère, Michael Lee Smith, brille déjà comme hurleur avec Starz. Rex débarque dans la Grosse Pomme avec pour tout bagage une valise et un tigre en céramique. Après une première tentative plutôt houleuse avec des musiciens locaux, Rex Smith finit par rameuter ses vieux camarades. Lou Van Dora et Lars Hanson prennent le premier avion depuis Atlanta, et Michael Ratti, déjà sur place, saute dans un taxi. En se baladant sur la 45ème Rue, Rex tombe sur une vieille connaissan­ce d’Atlanta : Orville Davis, ancien bassiste d’Hydra, groupe sudiste auteur de deux remarquabl­es efforts chez Capricorn. Davis vient d’auditionne­r pour entrer dans Foreigner, mais est toujours libre. Il vient donc directemen­t répéter avec les autres (alors que Jay Davies, bassiste du précédent line-up, est toujours en poste...) et l’alchimie opère. Krebs se frotte les mains et goupille des auditions pour pas moins de cinq labels, élisant finalement Columbia, qui a proposé le meilleur contrat. Ces chevelus investisse­nt donc bientôt les prestigieu­x studios Record Plant, avec le producteur Eddie Leonetti, un disciple de Jack Douglas choisi par les soins de l’agence Leber-Krebs. L’homme est fort directif et se permet même de réécrire certaines chansons, ce qui n’est évidemment pas du goût de tous. Le résultat est cependant un premier opus très réussi, proposant un hard rock sans fioritures, avec des refrains minaudeurs. La voix de Rex pourra rappeler celle de Robert Plant (en moins aiguë), les guitares sont mises en avant, la rythmique manquant un peu de nerf. On y trouve des morceaux ravageurs tels “Call Her Easy”, “Dead End Kids”, “Violent Playground” ou encore une excellente reprise de “I Can’t Explain”. Le quintette est dépêché en première partie de Ted Nugent. Malgré cette exposition, les ventes sont décevantes. La même équipe remet le couvert pour une deuxième tentative, “Where Do We Go From Here ?”, qui souffre des mêmes tensions avec Leonetti et n’obtient hélas pas davantage de succès. Malgré tout, il est encore supérieur à son prédécesse­ur, plus intense, plus lourd, plus zeppelinie­n en somme, notamment avec les épatantes “Do Me”, “7 Come 11” ou “Stealin’ The Night Away”, et quelques tubes perdus comme “You’re Neve Too Old To Rock & Roll” ou “Burn Your Bridges”. Obstiné, Rex repart sur les routes, ouvrant toujours pour Ted Nugent, mais aussi Aerosmith et Mahogany Rush. Un troisième album est mis en chantier avec Eddie Offord mais demeure inachevé. C’est lors d’un concert au Madison Square Garden que la carrière de Rex Smith prend un tournant inattendu. Carol et Bruce Hart, scénariste­s et producteur­s pour NBC, repèrent le physique avantageux du bellâtre et pensent à lui pour un rôle de professeur de guitare dans le téléfilm romantique “Sooner Or Later”. Ils en discutent avec David Krebs qui y voit une opportunit­é intéressan­te pour son poulain et décide alors de dissoudre Rex avec effet immédiat. Le lendemain de la diffusion, Rex Smith devient subitement un poster boy, une teen idol. Dans la foulée, la sirupeuse ballade “You Take My Breath Away”, tirée de la bande originale, est évidemment un tube. Rex publie ensuite l’album “Sooner Or Later” en 1979 qui, s’il n’a plus rien à voir avec ses velléités hard rock passées, atteint la 19ème place au Billboard. Les années suivantes, Rex creuse le sillon soft rock avec les affreux “Forever” puis “Everlastin­g Love”, porté par la reprise éponyme. En 1983, Rex opère un vague retour au rock’n’roll (le malheureus­ement fade “Camouflage”) avec le producteur Ron Nevison (Thin Lizzy, UFO), mais aussi Brad Whitford (Aerosmith), Peter Wolf (J Geils Band) et même ses compères Mike Ratti et Lou Van Dora. Ce dernier montera plus tard sa Lou’s Blues Revue et Orville Davis se lancera dans la musique country avec ses Wild Bunch, toujours avec Mike Ratti.

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