Rock & Folk

Deadwood

“II”

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LOLLIPOP

Les opposés s’attirent à ce qu’on dit. Dans le genre qui n’en est pas un, Deadwood se place là. Si le nom renvoie au western shakespear­ien de la série télé du même nom, le duo franco-belge blues techno noise, au numéro apparemmen­t bien rodé sur scène, souffle le chaud et froid pour un disque qui sort à l’occasion du vingtième anniversai­re du label Lollipop. A la voix envoûtante de Violette, également aux claviers et thérémine, répond celle du guitariste swamptrash Jeremy sur de longs titres tortueux, souvent bien fichus, dont les cris tribaux évoquent d’abord une Diamanda Galas roucoulant dans la caverne de Captain Beefheart. Pas du genre à participer aux compétitio­ns non plus, le binôme de freaks a surtout de bonnes idées et les oreilles larges, préférant procéder par couches successive­s, malaxer les sons pour entraîner le cerveau azimuté de l’auditeur dans les méandres d’une musique hypnotique, parfois gothique, d’autres franchemen­t industriel­le, comme jadis pratiquée en nos contrées par des groupes aussi sous-estimés que Double Nelson ou le génial Grrzzz (avec lequel Deadwood a tourné). Impossible de s’ennuyer en plongeant au coeur de ce second acte de chaos abouti, où quelques grotesques ballades surgissent au détour d’une route balisée de boucles hérissées, qui évoquent les berceuses cauchemard­esques de Goblin, rhabillées par Lucas Trouble à l’aide de trompette et violon. S’il fallait se donner l’occasion d’être entendu à l’étranger, il pourrait être intéressan­t d’essayer quelques chansons en français, mais Deadwood a l’air de savoir ce qu’il veut et surtout ce qu’il ne veut pas. VINCENT HANON

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