ANDREW O’NEILL
Ce comédien de stand-up britannique a trouvé un créneau singulier : faire des sketches sur le metal. Un genre pour lequel il éprouve une passion intarissable mais lucide.
PEU CONNU EN FRANCE, l’Anglais Andrew O’Neill a pourtant excellente réputation dans son pays d’origine et dans tout le Commonwealth. Il faut dire que son talent d’amuseur public répondrait fingers in the nose à la question existentielle posée en son temps par Frank Zappa (“Does humor belong in music ?”), par l’affirmative. En remplaçant music par metal s’entend, car son coeur de métier, quoique clivant, est bien celui-ci : faire rire en parlant de hard rock. Bon. Habituellement réservées aux spectateurs de son standup, ses analyses iconoclastes et son érudition PTDR sont désormais rassemblées dans un ouvrage, “Metal Story”, où il retrace l’évolution d’un genre souvent méprisé par les patriciens du rock mais qui, dans la grande tabula rasa du 21ème siècle, demeure le seul encore capable d’attirer les foules binaires en les faisant payer. On le retrouve dans un hôtel parisien, où, immédiatement, son débit AK-47 et un accent cockney à couper au cran d’arrêt rappelle que nous n’aurions pas dû prendre allemand en première langue.
Hendrix sous acide
ROCK& FOLK : Premier disque acheté ?
Andrew O’Neill : Avec mon propre argent, Cliff Richard And The Young Ones, un morceau qui s’appelle “Living Doll”. Les Young Ones étaient une troupe comique anglaise assez cinglée des années 80. On est en 1986, je pense. J’ai 6 ans. Gros tube en Angleterre. L’un des trucs que j’ai le plus écouté de ma vie.
R&F : Pourquoi celui-ci en particulier ?
Andrew O’Neill : J’adorais les Young Ones, ils avaient un côté anarchiste, crétin. Sur la face B, il y a un sketch qui m’a d’ailleurs donné envie de faire à mon tour le plaisantin. Ça s’appelle “(All The Little Flowers Are) Happy”.
R&F : Alors, premier disque de metal ?
Andrew O’Neill : Le Black Album de Metallica en 1991. Je l’ai racheté à un mec de mon école qui n’en voulait plus. En deux semaines, je me suis plongé dedans. De là, j’ai retraversé la discographie du groupe, beaucoup plus speed et black que celui-ci, paradoxalement. Metallica reste mon groupe vivant favori. Jimi Hendrix, que j’ai découvert aussi à l’époque, est quant à lui mon mort favori. C’est un âge, l’adolescence, où la musique t’aide à te structurer.
R&F : Il y avait beaucoup de musique dans votre famille ?
Andrew O’Neill : Mes parents écoutaient la radio. BBC 2. Une station spécialisée dans les oldies des années 60 et 70. Mon père mettait toujours les Beatles dans la voiture. J’ai entendu “Sgt Pepper” une centaine de fois là-dedans. Mon grand-frère écoutait pas mal de trucs aussi. C’est lui qui m’a fait découvrir Public Enemy, par exemple. J’avais 9 ans
(rires). Queen également... Et puis Hendrix...
R&F : Décidément...
Andrew O’Neill : Hendrix me parle comme aucun artiste ne le fait. Sans vraiment comprendre pourquoi d’ailleurs. Je le vois comme un pote. R&F : Album préféré ? Andrew O’Neill : “Electric Ladyland”, chef-d’oeuvre absolu.