Rock & Folk

MAKE-OVERS

Bruyant, primitif et tout à fait charmant, ce duo garage de Pretoria était récemment de passage en France.

- JEROME REIJASSE EP “Grip On You” (Dionysiac Tour)

C’est un duo, donc. A la batterie, Martinique. A la guitare et au micro, Andreas. Les deux viennent d’Afrique du Sud, Pretoria, et doivent vraiment moins aux White Stripes, à qui tous les paresseux de la terre les comparent déjà, qu’au garage insoumis, au rock’n’roll crasseux, au punk incendiair­e. Make-Overs est inconnu en Europe. Il ne vient pourtant pas de nulle part. Quasiment déjà dix albums et des EP à la pelle. Ce nouvel EP, “Grip On You” propose six chansons frontales, vivantes, irréductib­les, bourre-pif soniques impeccable­s, où, avec très peu, les deux comparses perpétuent cette tradition juvénile qui se moque des radars et des limitation­s de décibels.

La saturation décomplexé­e

Brute, sauvage, sans calcul, la musique de Make-Overs est le plus beau des acouphènes. Le groupe a composé la majorité de ses nouvelles chansons à Chicago, répété chez lui, dans sa maison tout au sud de l’Afrique et enregistré cet EP cavalcade en France en à peine deux jours (en attendant l’album prévu pour début 2019) et c’est une structure hexagonale qui sort la chose avant l’été et on ne peut que s’en réjouir. Il y aura donc bien un après Johnny Clegg... “On fait du rock avec un

peu de punk” déclare Martinique, avec une toute petite voix d’enfant. Du punk rock, en somme ? Elle rit avant de répondre : “Oui, c’est ça en fait...” Et Andreas d’ajouter :

“On aime bien aussi la noise, hein !” Quand on s’étonne de n’avoir jamais croisé leur route auparavant malgré l’abondance de leurs créations, la réponse est désarmante de simplicité. Martinique : “Ce n’est pas de votre faute, on est exécrables avec tout ce qui touche à la promotion. Même sur internet, on ne vaut rien. Les gens, généraleme­nt, nous découvrent en concert, par hasard...”. Il s’agit de briser l’intenable suspense, Make-Overs ne pactise pas que sur scène mais également à la ville — il se tient d’ailleurs la main pendant toute la durée de l’entretien et c’est tout à fait émouvant. Le couple, donc, s’est rencontré à la faculté de cinéma. Ses influences ? Tout d’abord les Troggs, que beau papa faisait écouter à Martinique gamine.

Et Nirvana, Jay Reatard, Thee Oh Sees, Lightning Bolt, et... plein d’autres, évidemment. Mais derrière ce binôme sympathiqu­e et acharné se dissimule,

peut-être, une entité diabolique : “Nos voisins ont préféré déménager, ils ont vendu leur maison, on faisait trop de boucan et ils ont craqué. Là, ça va mieux, les nouveaux sont des fêtards et donc, pendant qu’ils font la teuf, on peut jouer et faire un maximum de bruit !” reconnaît Martinique. Voilà. Adepte de technologi­es d’avant le tout numérique, Make-Overs fonctionne à coups de bandes et d’analogique. Andreas : “Il y a quelques années, on a racheté à des studios tout le matériel analogique possible, les mecs vendaient à prix cassés. Et aujourd’hui, tout le monde nous harcèle pour nous le racheter...” Trop tard... Ce n’est pas ici une posture, le groupe aime le son crade, les erreurs capturées en direct, la saturation décomplexé­e. Surtout, il ne souhaite qu’une seule chose : “Rester le plus primitif possible. Et humble. Jouer les snobs, on laisse ça aux autres !” concluent Martinique et Andreas.

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