Rock & Folk

Juvéniles aux trésors

- VINCENT TANNIERES

Paul McCartney a 21 ans quand sort “Please, Please Me” en 1963, et Iggy Pop, 22, quand paraît le premier album des Stooges. Brian D’Addario a 21 ans, son frère Michael, tout juste 19. Mais “Go To School” est déjà le deuxième album des Lemon Twigs. Toutes proportion­s gardées, n’est-ce pas. On parle ici d’âge. Et strictemen­t d’âge. On ne compare pas. Ces précaution­s prises, car on entend déjà ratiociner sur le thème que seuls les anciens ont la légitimité et sont à l’origine du truc, ce qui est évident. Qu’ils ont tout inventé, effectivem­ent, puisqu’ils étaient les premiers. Et que ce n’est certaineme­nt pas ces blancs-becs mal fagotés qui les feront changer d’avis. Ça, non ! Les accusant, souvent sans avoir écouté, de plagiat, affirmant que le truc a déjà été entendu. Cent fois ! Et en mieux, bien sûr. Les mêmes arguant que, de toute façon, Elvis c’était mieux avant le service militaire, et Bob Dylan, bien meilleur avant l’électricit­é. Et Simon, tant qu’on y est, c’était mieux avant Garfunkel ? Avec cette manière de penser, le rock va devenir le jazz ou le musette. Que certains écouteront doctement en Perfecto, peut-être, mais vapotant et radotant ses faits d’armes, éreintant le monde d’anecdotes éculées, achevant ainsi pour toujours le rock’n’roll. Son esprit en tout cas. Vêtue de cuir rouge, Valérie Pécresse l’affirmait : “Il faut redonner confiance à la jeunesse.” En tout cas sa chance. Sans a priori. Car, avec les Lemon Twigs, il est évidemment aussi question de cela. De jeunesse, d’audace, de lacets de basket défaits et d’acné un peu aussi. De gamins, quoi. Mais de gamins sur-talentueux, éduqués, excentriqu­es et audacieux avec ce disque en forme de comédie musicale, éveillés à cette musique et qui reprenaien­t, tout gosse, “Pinball Wizard” des Who et “Wild Honey” des Beach Boys. Batterie, claviers. Ils décident de vouer leur existence, et par le fait la nôtre si l’on s’y penche un peu, au rock et à la pop, pas à la Silicon Valley. Ça vaut le coup de les écouter, de leur donner cette chance, sans cynisme. En gardant à l’esprit que, si l’on pense que c’était mieux avant, ça peut être encore franchemen­t excitant aujourd’hui aussi !

PS : Entendu, dégoulinan­t des haut-parleurs sur la ligne d’arrivée de la 18ème étape du Tour de France, sur l’air des White Stripes : Po, popo po po pooo po alors que les coureurs arrivaient à Pau... Pau, paupau pau pau paaau pau ?

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