Jon Cleary
“Dyna-Mite” FHQ/MODULOR
Anglais d’origine, Jon Cleary a si bien été adopté par La Nouvelle-Orléans qu’il en est devenu un musicien emblématique. Chanteur et pianiste réputé, influencé par les maîtres du genre, l’incroyable James Booker ou Professor Longhair, il est d’abord un accompagnateur recherché par des artistes aussi prestigieux que Taj Mahal, Bonnie Raitt, BB King, Junior Wells, Eric Burdon et Walter Wolfman Washington. “Dyna-Mite” est le septième album sous son nom depuis 1989, “Moonburn” en 1999 et “Go Go Juice”, un Grammy Award en 2015, ayant été les plus diffusés. La musique de La Nouvelle-Orléans, on le sait, est un mix de blues, rock’n’roll, boogie-woogie, soul, rythmes caraïbes, rumba et mambo. Jon Cleary a assimilé et réinterprète ce mélange savoureux, accompagné par ses Absolute Monster Gentlemen et par les meilleurs musiciens locaux. Sur le nouvel album, figurent ainsi le batteur Jamison Ross et le guitariste des Meters, Leo Nocentelli. Le morceau “Dyna-Mite” offre d’emblée, avec sa fanfare et ses rythmes chaloupés, un condensé du paysage musical de la ville. Les dix compositions sont signées Cleary, à la seule exception de la formidable ballade soul “21st Century Gypsy Singing Lover Man” écrite avec Taj Mahal. Sa voix est plus éraillée que celle de Aaron Neville, mais possède un phrasé souple, en osmose avec les modulations rythmiques de chansons gorgées de soul, “Frenchman Street Blues”, parfois funky, “Hit, Git, Quit, Split”, “Unputdownable”. Ailleurs, sur un mid tempo accrocheur, “Skin In The Game” ou aux accents gospel, “Best Ain’t Good Enuff”. Rien de très original, certes, mais un magnifique disque de soul blues digne des meilleures productions d’une ville artistiquement richissime. PHILIPPE THIEYRE