The Morlocks
HOUNDGAWD/DIFFER-ANT Leighton Koizumi avait beau avoir été déclaré mort en 1999 par un journaliste mal renseigné, il semble toujours bien vivant dix-neuf ans plus tard. Ce sosie de Joey Ramone mène toujours The Morlocks, devenu une véritable institution du rock garage viril, à la manière des Lords Of Altamont. On les avait laissés en 2010, avec un excellent “Play Chess”, où ils reprenaient uniquement des classiques du blues comme “Killing Floor”. Férocité, hargne et fuzz sont les maîtres-mots de l’entreprise Morlocks et Koizumi, en despote éclairé, n’a de cesse de redéfinir les contours de son équipe de choc. On y retrouve donc quelques vieux loups du circuit européen : Marcelo Salis (Hangee V) et Bernadette (Sonny Vincent) aux guitares, Oliver Pilsner à la basse (The Fuzztones) et Rob Louwers aux fûts (Link Wray). Cet aréopage madré s’est attelé à la confection d’un disque entièrement original, capté du côté de la Forêt Noire et de Berlin. Les bandes ont ensuite été confiées à l’illustre Jim Diamond (The Dirtbombs) pour garantir un mixage explosif, à la sauce Detroit. Le résultat est donc “Bring On The Mesmeric Condition” : douze morceaux sanglants, aux riffs acérés, dominés par la morgue de Koizumi, alliage parfait des Nuggets et des Stooges. Un haletant tir de barrage (“We Can Get Together”, “No One Rides For Free”, “Down Underground”) sans aucun répit, où l’on décompte une ballade louche qui fera beaucoup penser à “Gimme Danger” (“Heart Of Darkness”) ainsi qu’un classique immédiat : la définitive “High Tide Killer”, dégoulinante de rawpower. Voilà donc un disque superbement roboratif, qui signe un retour inattendu et laisse imaginer de remuantes bacchanales scéniques. JONATHAN WITT