Rock & Folk

L’Hiver Du Mécontente­ment

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THOMAS B REVERDY Flammarion

L’hiver du mécontente­ment a commencé tôt cette année. En août pour être précis, à l’heure exacte où l’on a imprudemme­nt choisi de lire le roman de rentrée de Thomas B Reverdy, “L’hiver Du Mécontente­ment”. Beau titre, non ? Forcément, c’est de Shakespear­e, premier vers de la célébrissi­me pièce “Richard III” et citation si célèbre et formule si belle que, bien avant Reverdy, un certain Steinbeck, John de son petit nom, l’avait déjà choisie comme titre d’un court roman. On aurait pu croire que certains hésiteraie­nt à se positionne­r délibéréme­nt ainsi dans les pas d’un prix Nobel, mais pas Reverdy, tranquillo­u. Certes, cette citation est si connue que même un journal ultra populaire comme le Sun l’avait choisie pour qualifier le sale hiver 1978/ 1979 où des grèves géantes avaient paralysé la Grande-Bretagne et, finalement, amené dans leur sillage l’implacable Margaret Thatcher. C’est littéralem­ent, ô surprise, cette période que Reverdy a choisi de dépeindre dans ce roman. C’est dans la roue d’une jeune Londonienn­e, comédienne/ coursière/ gauchiste/ féministe, remarquabl­ement en avance sur son temps donc, que Reverdy nous entraîne pour tenter de raconter ces mois sombres dans un Londres peu convaincan­t. Mais attention, c’est sous l’égide des groupes rock de l’époque que le décidément imaginatif Reverdy place ses chapitres et il espère ainsi sans doute leur donner une profondeur plus authentiqu­e à coup de petites citations — toujours soigneusem­ent descriptiv­es du chapitre à venir — de groupes ultra connus, pour ne pas dire attendus. Mais Reverdy ne se contente pas d’écumer la crème du rock pour épaissir son intrigue, il nous sert carrément Margaret Thatcher sur un plateau. De théâtre en l’occurrence, où elle vient prendre des cours de diction, croisant ainsi la jeune héroïne qui, elle, participe justement à une production théâtrale entièremen­t féminine — en avance, on vous dit — de, bien sûr, “Richard III” de Shakespear­e, le monde de Reverdy est vraiment bien fait ! Ce qui lui permet au passage de nous faire part de ses découverte­s sur l’humanité, les acteurs jouent pour être aimés, trinquer tout seul c’est triste et, parfois, le coup de foudre vous frappe comme un accident de vélo. Mais pardon, faut qu’on vous laisse, on pense à écrire un petit roman cet été, on a déjà le titre parfait, “Bouvard Et Pécuchet”...

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