Rock & Folk

REM

Ce mois-ci, une collection­neuse ouvre les portes de son antre et de son cerveau : Mélanie, jeune femme qui, dans le groupe de Michael Stipe, a trouvé sa religion.

-

Eté 1991. Dans son bar préféré sur une plage du Péloponnès­e, Mélanie passe ses vacances à “danser 4 fois par soir sur ‘Losing My Religion’. J’avais 15 ans. Je pourrais continuer à faire ça tous les étés. Mais uniquement sur ce morceau.” En septembre, Mélanie met le doigt dans l’engrenage fatal et achète “Out Of Time”

en CD. Puis, très vite, collection­ne. “De l’intérêt de découvrir un groupe alors qu’il a déjà sorti plein d’albums. Et de pouvoir profiter des rééditions, raretés et autres bootlegs d’occasion dans la boutique où je pouvais presque tout trouver à l’époque, l’Occase de l’Oncle Tom à Strasbourg, qui existe toujours, 25 ans après ma première visite. Une boutique de ce genre aide à vouloir accumuler, surtout au début lorsque tu n’as rien ou presque : ‘Oh tiens le single de ‘Bang And Blame’, la version pour les Japonais, trop bien je l’avais pas.’ ” Depuis, REM occupe “deux petites colonnes d’une cinquantai­ne de boîtiers et une partie de l’étagère pour les raretés et objets hors format. Et une boîte en carton avec tous les articles et autres accumulés depuis... merde, 27 ans ! Mon mec contribue à augmenter cette collection avec sagacité, d’autant qu’il est en train de devenir plus connaisseu­r que moi.” Ses petites manies

de collection­neuse ? “Ne rien jeter et garder les doubles. Si un CD est abîmé, on en a un autre. Et sinon, parler de REM par le biais d’autres sujets, de la politique à la cuisine.” Chez Mélanie, pas de romantisme exacerbé sur la traque de la pièce rare. Elle préfère posséder plutôt que chasser le collector. “Mon rapport de fan est très égocentré, je ne rêve pas de Michael Stipe deux fois par mois pour rien. Freud serait

très fier de ce transfert.” Et pourtant, elle se montre indulgente envers quiconque met le nez dans ses trésors, puisque la pénalité encourue est “d’être obligé d’emprunter le disque, pour découvrir le génie de REM. J’aime bien partager, c’est mon côté bibliothéc­aire. Plein de gens ont une image floue d’un groupe dont ils ne savent même pas prononcer le nom, j’ai donc une mission sur la planète.” Avant de propager la bonne parole, Mélanie a fait ses classes, en étant

membre du fan club officiel pendant 15 ans. “La galère que c’était pour envoyer les malheureux 12 dollars aux Etats-Unis ! Je faisais la queue à la Poste pour un mandat cash internatio­nal. Mais cela permettait de recevoir un vrai fanzine papier, envoyé trois fois par an et le fameux colis de Noël avec des goodies et des cadeaux : stickers, CD, poster, patch, cassette vidéo de clip (la modernité), etc.” Grâce au fan club, Mélanie a pu voir REM enregistre­r une émission live à Canal+ en 2008, son plus beau souvenir en lien avec sa passion...

Jusqu’à il y a quelques semaines. “Alors que j’étais en vacances à New York, j’ai vu sur le compte Instagram de Michael Stipe qu’il faisait une expo dans une galerie de Brooklyn. L’inaugurati­on avait lieu le lendemain. On y est allés, c’était superbe, intime, touchant, trash et référencé, comme j’aime. Et il était là, j’ai cru m’évanouir, j’en tremblais. Je lui ai fait dédicacer le livre. Il m’a dit, je cite : ‘Je parle français comme un caribou canadien.’ ” ★

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France