Paul Simon
“In The Blue Light” LEGACY/SONYMUSIC
Paul Simon est un génie mal aimé. Il a vendu des millions de disques (avec ou sans son copain Art Garfunkel), mais souffre de ce malentendu — au sens propre — qui a longtemps plombé Leonard Cohen : être adulé par les dames patronnesses et méprisé par le public rock, en gros celui qui aime Bob Dylan, leur Némésis commune... Bien sûr, il fait de la musique pour adultes, une sorte de soft-rock épicé sur le tard de diverses musiques du monde. Et, à bientôt 80 ans, ça ne risque pas de changer. Mais ce qu’on découvre en se penchant sur ses chansons, c’est que ce musicien surdoué est avant tout un grand auteur. Loin de cette image gentillette, due à sa voix et à quelques tubes avec Garfunkel, il écrit de formidables textes non-linéaires où les images s’entrechoquent, sortes de petites nouvelles elliptiques qui font de lui, justement, l’égal d’un Dylan ou d’un Cohen. Le génie de Paul Simon est encore plus évident sur ce nouvel album, impressionnant, sur lequel il reprend dix chansons qu’il avait déjà enregistrées mais qui n’avaient pas, à son avis, reçu l’accueil qu’elles méritaient. Effectivement, seuls quelques fans purs et durs connaissent des petites merveilles comme “One Man’s Ceiling Is Another Man’s Floor” (la plus ancienne, de 1973) ou “Questions For The Angels” (la plus récente, de 2011). Le tout, arrangé de façon subtile et racée, rappelant certains albums tardifs de Joni Mitchell ou Randy Newman, jazz, pour tout dire (Wynton Marsalis est de la partie), est un véritable régal. ✪✪✪ STAN CUESTA