JL Murat
“Il Francese”
SCARLETT/PIAS Moins d’un an après son précédent disque, le troubadour auvergnat poursuit sur sa lancée. “Travaux Sur La N89” rompait radicalement avec ses précédents essais, évitant les guitares et les références rock pour renouer avec le parti pris synthétique de ses débuts avec Denis Clavaizolle, son complice claviériste de l’époque. Son dixneuvième disque emprunte la même voie et poursuit cette collaboration musicale en privilégiant une electro pop résolument intimiste. La voix, nonchalante et séduisante, est bien en avant, dans une perspective chanson assumée qui veut mettre en valeur des textes poétiques et des mélodies attrayantes. Le changement le plus notable réside dans l’élaboration d’un certain groove synthétique qui rejaillit sur le phrasé et des vocaux très trafiqués, assurant la réussite de morceaux aux rythmes chaloupés mais tout en douceur : “Achtung”, brillante introduction, “Sweet Lorraine”, hommage délicat au son des disques Stax ou “Marguerite De Valois”, mélopée lancinante qui marque la rencontre de ses racines auvergnates et de sa fascination pour le Far West. L’influence du hip-hop se fait parfois sentir, notamment avec le pétillant “Hold-Up”, duo très Gainsbourg avec Morgane Imbeaud, qui fut la chanteuse de Cocoon et Nouvelle Vague et a déjà collaboré à plusieurs reprises avec Murat. Mais une certaine uniformité rythmique a tendance à pénaliser quelques essais moins convaincants (“Gazoline”), et des complaintes nostalgiques comme “La Treizième Porte” ou “Rendre L’Ame” renouent avec ce spleen désabusé et agaçant qui colle à la peau de cet esthète, alors que le bouleversant “Je Me Souviens” lui donne l’occasion de fendre l’armure.