Low
“Double Negative” SUBPOP/PIAS
Depuis 25 ans, Low est un groupe culte. Ce qui signifie qu’un peu partout dans le monde des gens bizarres sont raides dingues de ce trio, mais aussi que celui-ci n’est pas près de remplir un Zénith. Et c’est très bien comme ça, même si on aimerait parfois être plus nombreux à apprécier cette musique pas si étrange que ça. Car tout le monde peut aimer Low. Il suffit de prendre le temps. Alan Sparhawk (guitare, chant), son leader et fondateur, et Mimi Parker (batterie, chant), sa femme, accompagnés par divers bassistes depuis leurs débuts — l’actuel, Steve Garrington, qui joue aussi des claviers, semble tenir le coup — pratiquent une musique lente, subtile et incroyablement prenante. Les journalistes pressés n’ont retenu que cet aspect lent, la nommant slowcore (terme que le groupe rejette). Mais c’est bien plus que ça, souvent renversant de beauté, avec des harmonies vocales dignes de Gram Parsons et Emmylou Harris (sans le côté country), intelligent et addictif. Et plutôt doux, du moins jusqu’à ce nouvel album, qui surprendra même les plus fidèles... On est effectivement dérouté, à la première écoute de “Double Negative”, par tant de sons trafiqués, triturés, distordus, parfois à la limite du supportable. C’est voulu. Le trio a fait appel à un producteur proche du hip-hop, BJ Burton, pour “voirce qu’ilpourraitfaire” de sa musique... Le résultat est impressionnant. La beauté est toujours là, mais comme cherchant à se frayer un passage au milieu des décombres. Et c’est bien ce dont parle l’album, à l’image du sublime dernier titre, “Disarray” (“Avantquelaconfusionnedevienne totale/Tuvasdevoirapprendreà vivred’unefaçondifférente”). Terrifiant et magnifique. ✪✪✪ STAN CUESTA