Rock & Folk

AXIS

Vinny Appice, frère du légendaire Carmine

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Ce fringant power trio reste surtout dans les tablettes du hard rock pour avoir abrité les débuts d’un batteur appelé à mener une fort belle carrière : Vinny Appice, frère du légendaire Carmine, passé notamment par Black Sabbath et Dio. Son unique et explosif album, d’une indéniable modernité, reste depuis très apprécié des collection­neurs. New York, début des seventies. Vinny Appice passe son enfance à observer son aîné, Carmine, qui écrase furieuseme­nt ses peaux sous le porche de la maison familiale. Lorsqu’il s’absente, Vinny installe les fûts dans la cave, puis cogne à son tour. Ses héros, outre son frangin, se nomment John Bonham, Billy Cobham, Buddy Rich et Mitch Mitchell. Il martèle pour le groupe du lycée, plutôt orienté R&B, et par chance le guitariste connait l’ingénieur du son Jimmy Iovine. Ce dernier bosse pour le Record Plant et propose la captation d’une démo. C’est par son entremise qu’à seize ans, Vinny fait la connaissan­ce de John Lennon, et se retrouve à claquer des mains sur “Whatever Gets You Through The Night”, à jouer au billard avec lui et même à l’accompagne­r pour un petit concert au Hilton. Rick Derringer va également s’attarder sur le batteur de ladite maquette... et lui file son numéro de téléphone, lui promettant de l’appeler dans les six mois. Entretemps, Vinny quitte New York, direction la Californie. Il rejoint un combo du coin et s’encanaille dans une véritable

fun house, avec filles et drogues à foison. C’est par l’entremise d’une certaine Georgia que Vinny apprend l’existence d’Axis, groupe établi en Louisiane. Son éphémère interlude californie­n achevé, il contacte Danny Johnson, le leader d’Axis, qui accueille avec plaisir ce renfort. Les fougueux jeunes gens composent quelques titres, mais cet élan est brisé par Rick Derringer qui, fidèle à sa parole, rappelle Vinny pour sa nouvelle formation (humblement baptisée... Derringer), qui lui-même suggère Danny Johnson pour cisailler la rythmique. L’expérience ne dure que deux courtes mais intenses années, suffisante­s pour permettre la naissance de deux albums et accumuler une harassante série de concerts, en compagnie de poids lourds comme Aerosmith, Jeff Beck ou Mahogany Rush. Souhaitant voler de leurs propres ailes, Vinny et Danny larguent Derringer pour rameuter leur vieux comparse d’Axis, le bassiste Jay Davies. Le power trio réuni voit défiler les courtisans, avant d’opter pour Joe Greenberg, ex-manager d’Alice Cooper de 1968 à 1974, qui vient de monter son propre label (Hologram Records), sous licence RCA. Pour occuper le rôle du producteur, il amène Andy Johns (Led Zeppelin, Humble Pie, Free). Deux endroits chers sont réinvestis : la cave de la famille Appice pour les répétition­s et le Record Plant de New York durant quatre semaines pour la captation. L’album paraît finalement en 1978, mais Hologram manque d’argent pour la promotion. Dommage, car “It’s A Circus World” est très bon. Le trio y démontre une alchimie à la soufflante puissance. Si la voix de Danny Johnson manque un peu de relief, son jeu de guitare compense avec des riffs bien troussés, au cordeau, et quelques soli parcimonie­ux. La basse de Davies, idéalement caoutchout­euse, met en valeur le martèlemen­t à la fois colossal et délié de Vinny Appice, quelque-part entre Carmine Appice et John Bonham. Les onze titres n’ont pas vieilli — la production sans artifices d’Andy Johns est admirable — et semblent annoncer le hard rock énergique de la décennie à venir : d’obédience souvent

zeppelinie­nne (“Brown Eyes”), avec des refrains minaudeurs. On y goûte l’entraînant “Soldier Of Love”, l’accrocheur “Stormy Weather”, “Bandits Of Rock” ou le rampant “Cats In The Alley”. “Train” est une grande ballade à l’obligatoir­e crescendo, tandis que “Armageddon” est une lourde charge funk. L’élégante conclusion, “Circus World”, a même droit à des arrangemen­ts de cordes. Malgré cette oeuvre prometteus­e, Axis doit se débrouille­r seul pour dénicher des dates et parvient tout de même à se produire au Whisky A Go Go ou au Starwood. En 1979, Vinny Appice reçoit une offre d’Ozzy Osbourne (rejetée, sur les conseils de Carmine...), puis une seconde qu’il ne peut refuser : remplacer Bill Ward chez Black Sabbath. La rumeur dit que Tony Iommi a fortement apprécié l’album d’Axis, au point de le passer à Ronnie James Dio (récemment engagé comme chanteur). La fin est prématurée pour le trio, même si Johnson et Davies poursuiven­t un temps avec un autre batteur. On retrouvera le premier avec Alice Cooper, Graham Bonnet et enfin Steppenwol­f. Jay Davies accompagne­ra longtemps Rod Stewart, avant de se tourner vers une carrière de détective privé. Vinny Appice, quant à lui, quittera Black Sabbath après “Mob Rules” (1981) pour suivre Ronnie James Dio. Il en deviendra presque inséparabl­e, notamment dans Dio et lors des éphémères réunions avec Iommi et Butler (“Dehumanize­r” en 1992 et “The Devil You Know” en 2009).

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