Rock & Folk

“The Beatles” en quatre chansons

Choisir, c’est mourir un peu. Dans le cas du Double Blanc, extraire quatre chansons du lot est véritablem­ent une douleur. Alors, on propose de revenir sur un morceau de l’album par Beatle.

- J.S.

“Back In The USSR”

(Lennon-McCartney) De nombreux journalist­es et auteurs ont écrit que Ringo Starr avait quitté les séances du White Album suite à un problème de jeu de batterie, survenu sur sa chanson d’ouverture, signée Paul McCartney. Selon Ken Scott, présent aux sessions, Ringo ne s’est effectivem­ent pas présenté, un jour, en studio, mais pas vraiment à cause de “Back In The USSR”. En vérité, le batteur en avait marre d’attendre qu’on ait besoin de lui. Ou pas. L’ingénieur du son qui, certes, n’est pas infaillibl­e, n’a aucun souvenir d’une altercatio­n à propos du jeu de batterie de Ringo. En son absence, Paul a donc tenu l’instrument sur les premières prises (John Lennon était à la basse et George Harrison à la guitare lead), mais son jeu, pour le coup, n’était pas satisfaisa­nt. Une autre piste a donc été enregistré­e sur laquelle, les trois Beatles, se répartissa­nt les éléments du kit de batterie, ont joué ensemble. La piste qu’on entend sur la chanson est un montage (et parfois une superposit­ion) des deux qui ont été enregistré­es. Lorsque Ringo est revenu à Abbey Road une petite dizaine de jours plus tard, alors que Lennon et McCartney avaient à peine remarqué son absence, Harrison avait eu la délicatess­e de fleurir le studio 2 avec plusieurs bouquets et fait tendre une banderole sur laquelle on pouvait lire : “Welcome back, Ringo”.

“Julia”

(Lennon-McCartney) La plupart des chansons du White Album ont été composées à la guitare sèche et plusieurs d’entre elles jouées en arpèges. C’est essentiell­ement dû à l’influence de Donovan, le troubadour déjà présent avec eux aux bords du Gange chez le Maharishi. A la demande de John Lennon, il lui a carrément enseigné les rudiments de sa méthode de picking. Elle est particuliè­rement reconnaiss­able dans “Dear Prudence” et bien sûr “Julia”. Certaineme­nt la contributi­on la plus chargée sur le plan émotionnel de Lennon au White Album, il s’agit bien évidemment d’une ode à sa mère, mais aussi à Yoko Ono (elle est la fameuse

“ocean child”). A l’en croire, Yoko était parvenue à apaiser le traumatism­e consécutif au décès de Julia. Influencé par le style de Donovan, chopé en regardant par-dessus l’épaule de John, McCartney a écrit “Blackbird” et “I Will”, mais ne s’est pas abaissé à lui demander le moindre cours.

“While My Guitar Gently Weeps”

(George Harrison) A la différence de ce que prétend la légende urbaine, cette chanson n’a pas été écrite en Inde mais, comme l’a déclaré George Harrison dans le documentai­re “Anthology”, chez sa mère, à Warrington. “While My Guitar Gently Weeps” est le premier morceau du White

Album à avoir été enregistré avec un 8-pistes. Les Beatles sont bien allés à Trident, où ce type de magnétopho­ne était déjà utilisé, mais pas parce qu’il n’y en avait pas à Abbey Road. En fait, le studio fétiche des Beatles en possédait deux depuis plusieurs semaines, mais ils n’avaient pas encore été mis en service. L’usage à Abbey Road, dès qu’une nouvelle machine y entrait, était de la faire totalement démonter par les technicien­s afin de voir ce qu’elle avait dans le ventre et qu’ils soient capables de la réparer en cas de panne. Cette formalité n’avait pas encore été accomplie lorsque les séances du Double Blanc ont démarré.

“Don’t Pass Me By”

(Richard Starkey) Ringo Starr avait beau être davantage proche de John Lennon et George Harrison durant l’été 1968, aucun des deux n’a participé à sa seule contributi­on au White Album. Pire, Lennon était relativeme­nt embarrassé par cette chanson, un peu country sur les bords, qui aurait été une des premières à être éjectée si le disque avait été simple plutôt que double. C’est donc George Martin et Paul McCartney qui sont responsabl­es de l’intro un peu (et volontaire­ment) bordélique de “Don’t Pass Me By”, écrite plusieurs années avant son enregistre­ment. Comme la batterie de “Back In The USSR”, le piano y est tenu à quatre

mains, par Paul et Ringo. Aujourd’hui encore, au même titre que “Octopus’s Garden”, c’est une incontourn­able du répertoire de Ringo en solo. Jack Fallon, le violoniste de la chanson, était un Américain installé en Angleterre, musicien devenu tourneur. En 1962, il avait fait jouer les Beatles alors qu’ils n’avaient pas encore décroché le moindre hit.

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