Prodigy
TAKEMETOTHEHOSPITAL/BMG Londres, 2018. Retour en force des champions, Liam Howlett aux manettes, Maxim et Keith Flint aux vocaux, qui ont survécu à la pression commerciale et aux tumultes internes. S’il paraît inéluctable que certains esprits chagrins reprochent à Prodigy d’avoir toujours la même patte, c’est justement à ça qu’on reconnaît les grands artistes, et nul n’empêche les fâcheux d’aller ronfler à un concert de Kurt Vile. Comme AC/DC, Motörhead ou Suicide, Prodigy a créé son propre genre, avec un son sans concessions, qui s’écoute fort, parfois hystériquement libérateur lorsqu’il monte toujours plus haut, fait saigner du nez, gonfler les enceintes et flipper les parents, conjoints, voisins et même le chat. Pionniers du son rave des hangars des années 90, le trio va constamment de l’avant en restant fidèle à cette vibration de la rue qui gueule. Sorcier des platines, Howlett puise toujours son inspiration chez Afrika Bambaataa & Soulsonic Force et Ultramagnetic MC’s pour proposer une alternative audacieuse, un soulagement réel à l’ennui qui suinte de beaucoup de productions de la dance music actuelle. Loin de tout sentier balisé, Prodigy part en roue libre, déraille direct avec l’incroyable “Need Some1” qui renvoie à “Smack My Bitch Up”, puis enchaîne avec quelques emprunts à la NWOBHM sur “Light Up The Sky”, avant de virer quasiment hardcore sur “Fight Fire With Fire” en compagnie du groupe hip-hop punk Ho99o9. Pas de touristes là où s’enfuit le trio dans son bus à impériale, mais un nouveau fichu bon cru de Prodigy. Pour le divertissement, c’est en concert que ça se passera. VINCENT HANON