Rosanne Cash
“She Remembers Everything”
Les longs intervalles entre ses albums y ont sans doute contribué, mais Rosanne Cash n’a jamais été vraiment reconnue à sa juste valeur. Et, à l’âge où son père commençait sa série des “American Recordings” en réaction à ses albums précédents bien trop produits, elle continue de son côté un parcours sans la moindre fausse note. Cash, à ce stade de sa carrière, peut difficilement être encore étiquetée country autrement que par son aptitude à aller droit à l’essentiel. Il se trouve simplement que la NewYorkaise d’adoption ne parle pas juste de couple, de mort ou de religion : elle aborde aussi, avec la même simplicité poignante, des sujets comme les vies broyées par les armes à feu ou les témoignages de femmes agressées, et elle réussit à bâtir toute une chanson sur la question des ondes et des particules dans la physique. Ça n’est pas George Jones qui aurait pu faire ça. On retrouve toujours à la production John Leventhal (son mari), mais il est ici épaulé par Tucker Martine, qui s’est occupé à Portland de titres plus rock comme l’imparable “Not Many Miles To Go”. Le son est classique, on ne peut plus americana, mais varié, les apparitions de Colin Meloy (The Decemberists), Kris Kristofferson ou Elvis Costello (tous deux sur “8 Gods Of Harlem”) n’empêchent pas Cash de garder la mainmise sur les opérations, alors que l’inspiration ne lui fait jamais défaut. On regrettera, cependant, un séquençage étrange. Alors que la lugubre ballade orchestrale “My Least Favorite Life” clôt l’album sur une note naturelle et contemplative, le disque embraye sur trois titres bonus (édition Deluxe oblige), que l’auditeur aura en fait tout intérêt à replacer ailleurs.