The Limiñanas
“I’ve Got Trouble In Mind Vol 2”
En 2014, sortait sur un album le premier volume de cette compilation de raretés et reprises. L’expérience et beaucoup de déceptions, nous ont enseigné la réserve face à ce type d’exercice. Réserve qui ne résiste pas à “The Mirror”, superbe introduction à un album riche en bonnes surprises. Ecrit et interprété par l’auteur Kirk Lake, c’est un spoken word hanté par le thème du reflet, à la mélodie obsédante qui laisse place à “Two Sisters”, chantée par Anton Newcombe, reprise assez fidèle d’une des plus belles chansons des Kinks. D’autres — “Russian Roulette” des Lords Of The New Church ou “Angels And Devils” d’Echo And The Bunnymen — réalisent l’équilibre délicat entre appropriation (la patte psyché du groupe est là) et amour de l’original. Du boulot subtil d’amoureux de musique. Les originaux n’ont rien de fonds de tiroir, comme le lancinant “The Inventor”, tournant en boucle sur un lit de tambourin et de guitares façon tronçonneuse mélodieuse ou “The Gift” droit venu du début des années 1980, qui incitera les nostalgiques de la new wave à enfiler un trench noir pour danser sur place, en secouant sa tignasse crépée. On tombe aussi sur des étrangetés : “La Cavalerie” (Julien Clerc) ou un “Silent Night” où le Père Noël a pris des champignons avant sa tournée, mais on se laisse volontiers embarquer. Pas facile de résister au charme hypnotique du groupe, à cette voix féminine à l’accent frenchy quand elle chante en anglais, à ces couches sonores qui étoffent sans étouffer, à ces morceaux obsédants qui se logent dans un coin de tête sans être trop faciles. On n’ira pas jusqu’à dire que les Limiñanas sont le meilleur groupe français du moment, quoique.