Minuit
“Vertigo”
L’exemple de Minuit pourrait illustrer un débat sur les avantages et les inconvénients de la filiation dans le domaine artistique. Cinq ans après ses débuts (un premier single et des concerts prometteurs), le quatuor, qui a pour figures de proue Simone Ringer au chant et Raoul Chichin à la guitare, se retrouve en effet sous les projecteurs à l’occasion de la sortie de son premier album. Et c’est peu dire que l’ombre des Rita Mitsouko plane sur leur répertoire : au niveau vocal, c’est souvent frappant, tant dans la tessiture que dans le phrasé (“Exil”, “Harry Tueur”), mais cette parenté se retrouve également dans le style des chansons, dont certaines n’auraient pas déparé sur le premier album des Rita (“Obsession”). Il est des références plus néfastes et seuls les vieux de la vieille pointeront toutes les similitudes qui leur redonneront l’occasion de se replonger dans un bain musical revigorant (“Glacial”). Les autres remarqueront surtout le potentiel d’une voix étonnante et l’inventivité d’une démarche musicale qui agrémente de multiples bidouilleries son mélange plaisant de glam rock et de pop teintée d’échos new wave. D’autant que Simone sait s’écarter de son modèle, par exemple quand elle susurre sur un mode sexy à la Bardot (“Paris Tropical”), et que les compositions s’aventurent vers d’autres eaux, comme “Vertigo” boosté par un riff boogie. Particulièrement à l’aise sur les morceaux dansants, tels que le discoïde “Blondie” (influence revendiquée) ou le funky et très Gainsbourg “Moaning For Love”, le groupe se révèle également performant lorsqu’il ralentit le tempo à l’occasion de ballades délicates et nostalgiques (“Cimetière Des Amitiés”).