Dominique A
“La Fragilité”
CINQ7/WAGRAM
Depuis son dernier disque, Dominique A a mis trois ans pour peaufiner simultanément les deux albums qu’il a sortis cette année à quelques mois d’intervalle. Ils ont été conçus à la maison, le premier à partir d’une boîte à rythmes et celui-ci à l’aide d’une vieille guitare acoustique. Cette option intimiste est perceptible à l’écoute des douze morceaux proposés, qu’il a enregistrés sur sa console huit-pistes, dans des conditions aussi rudimentaires que son premier album en 1992 (“La Fossette”). Jouant personnellement des quelques instruments, il privilégie ballades et tempos lents et excelle en rendant hommage à Léonard Cohen (“La Poésie”) ou en célébrant la nature (“Comme Au Jour Premier”). Mais il atteint sa pleine dimension lyrique lorsqu’il rajoute une partie rythmique qui dynamise sa déclaration sentimentale (“J’Avais Oublié Que Tu M’Aimais Autant”) ou son évocation élégiaque de la vie rurale (“Le Grand Silence Des Campagnes”). Il échappe ainsi à l’uniformisation d’un ensemble qui baigne dans des climats apaisés et mélancoliques mais engendre une légère torpeur auditive. Pourtant, tout est très beau et délicat. Les textes témoignent d’un réel talent d’écriture et leurs qualités poétiques transfigurent le quotidien, comme dans “La Fragilité” qui donne son titre à l’ album :“Tu t’ es levé, le lit dansait/ Un tremblement t’ a parcouru/ Encore faible, tu t’ es rendu/ Ace travail qui te happait”. Et le chant, superbe, leur confère une envergure accrue, car l’évidence s’impose : aisément reconnaissable, cette voix est totalement maîtrisée, mélodieuse, évocatrice, sensuelle et envoûtante. ✪✪✪