Rock & Folk

THE MURDER CAPITAL

Dans le sillage de Fontaines DC, ces Dublinois mettent leur âme et leur coeur dans un rock aussi anguleux qu’exalté.

- Jérôme Reijasse

L’ULTIME CHANSON du premier album de The Murder Capital, produit par Flood, débute par une guitare-alarme. Comme un avertissem­ent. Les cinq membres de The Murder Capital viennent de Dublin. Moyenne d’âge, 21 ans. “When I Have Fears” est un disque violent et immersif, aux explosions imprévisib­les, c’est une plongée au coeur des émotions les plus contradict­oires, celles qui relient l’âme à la chair. James McGovern, chanteur, et Damien Tuit, guitariste, en promo parisienne un jour de canicule, quand ils ne parlent pas de leurs chansons, évoquent aussi bien Stendhal que Jimi Hendrix, Led Zeppelin, Black Sabbath, Sigur Rós, M83, quelques unes des formations qui leur ont donné envie de s’y mettre. Au moment de décrire The Murder Capital, des mots comme post-punk, cold wave, Nick Cave, Joy Division envahissen­t les pages spécialisé­es. Trop facile. The Murder Capital doit beaucoup moins à la nostalgie qu’à une furieuse envie de vivre, ici, tout de suite.

Flirter avec le vide

Rock&Folk : D’où vient The Murder Capital ? Pourquoi avoir formé le groupe ? James McGovern : On voulait exprimer ce qu’on ressentait, cela n’a rien de très original. C’est surtout grâce aux concerts qu’on est parvenu à définir notre son. Et définir notre son, c’était une quête pour nous, la chose la plus importante... Damien Tuit : A chaque nouveau concert, on jouait un ou deux nouveaux titres et on en profitait pour jeter aux oubliettes un ou deux titres plus anciens. Il nous est même arrivé de jeter trois chansons vraiment valables parce qu’elles ne correspond­aient pas au son qu’on voulait obtenir, de privilégie­r des chansons au départ plus faibles mais capables d’épouser notre son...

James McGovern : En même temps, on va donner l’impression qu’on cherchait un son précis alors qu’en fait, non. Notre alchimie s’est construite presque par accident. C’est en cherchant qu’on trouve. On n’est pas du genre à annoncer que notre album va sonner comme ci ou comme ça, non... Le truc primordial, c’est de pousser l’expériment­ation toujours plus loin, de voir comment on réagit quand on décide de sortir de sa zone de confort...

R&F : Les concerts sont votre ADN, et la légende raconte même que c’est grâce à une répétition filmée que votre réputation live est devenue virale.

James McGovern : Laissons la légende raconter ce qu’elle veut... Il nous est arrivé beaucoup de choses cette année. Avec le groupe et personnell­ement. Ça nous a poussé à grandir plus rapidement que prévu. A écrire quotidienn­ement pour affronter la réalité d’une certaine manière. R&F : Un premier album est un bébé, une nouvelle vie et ce premier album chante également la mort, le suicide d’un ami, la perte d’une mère. La tension et la force de vos chansons viennent-elles de là ? James McGovern : Oui ! Et toutes les étapes pour concevoir ce disque ont été comme un voyage pour nous, pour tenter de comprendre ce mélange d’amour et de peur, de lumière et de ténèbres. On ne voulait pas tricher avec nos sentiments. Ce qu’on a vécu ces derniers mois, on ne pouvait pas le galvauder. Il s’agissait d’être authentiqu­e, quitte à parfois flirter avec le vide.

Un compliment ou une saloperie

R&F : On devine que vos émotions futures pourront vous amener à créer des chansons différente­s, loin de celles d’aujourd’hui ? James McGovern : Bien sûr. La musique se moque bien des étiquettes. C’est la vie qui nous indiquera la direction à suivre. Et l’avantage d’avoir créé notre propre label, Human Season, c’est qu’on est vraiment libre de sortir ce qu’on veut.

R&F : Vous êtes la nouvelle sensation. La presse britanniqu­e vous promet la gloire éternelle. Vous en pensez quoi? James McGovern : Pour une fois, elle ne se trompe pas (rires). Tout ça ne veut rien dire. Regarde le nombre de groupes encensés qui ont disparu. On écrira toujours des chansons, avec ou sans louanges. Et puis, pour moi, un compliment ou une saloperie, c’est la même chose. Un bruit parasite qui n’a pas le pouvoir de freiner notre course.

Damien Tuit : Notre musique déborde d’espoir. C’est la dualité : amour et peur. Et là où il y a de l’amour, il y a de l’espoir, non ?

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